Est-ce le début d’un nouveau bras de fer entre l’industrie technologique chinoise et le marché américain ? Geely Auto, géant chinois de l’automobile, vient d’annoncer qu’il retirera Zeekr, sa filiale de véhicules électriques de luxe, des marchés publics américains, moins de deux ans après l’entrée en bourse de Zeekr à la Bourse de New York. Pourquoi ce repli soudain, alors que Zeekr s’était imposé comme l’une des introductions en bourse les plus attendues ?
Derrière cette décision, une tension flagrante : les récentes menaces de Donald Trump de retirer les actions chinoises des places boursières américaines ont-elles eu raison des ambitions internationales de Geely ? Quelles influences ces tensions géopolitiques exercent-elles sur les stratégies des groupes chinois, et jusqu’où sont-ils prêts à aller pour protéger leurs intérêts sur le marché mondial ? Geely, en annonçant la privatisation de Zeekr deux mois à peine après le début des hostilités politiques, cherche-t-il à couper l’herbe sous le pied aux décideurs américains ou simplement à contourner une incertitude grandissante ?
En termes concrets, les actionnaires de Zeekr auront le choix entre récupérer 2,69 dollars en cash par action ou bien obtenir 1,23 action nouvellement émise de Geely, selon un récent dépôt réglementaire. Pour les détenteurs de titres américains représentant Zeekr (ADS), cela équivaut à 26,87 dollars en cash ou l’équivalent en actions Geely. Un geste à peine plus généreux que la première offre formulée par Geely en mai dernier. Mais cette souplesse dans les transactions n’est-elle pas le signe d’un rachat précipité, ou d’une volonté d’adoucir la pilule auprès des investisseurs internationaux ?
La privatisation de Zeekr témoigne du climat de défiance croissant entre la tech chinoise et la sphère politique américaine.
Le conseil d’administration de Zeekr a approuvé la fusion, attendue pour le quatrième trimestre 2025. Pourtant, des incertitudes demeurent. Par exemple, que deviendra le partenariat stratégique entre Zeekr et Waymo, filiale d’Alphabet, qui doit lancer cette année dans la région de la baie de San Francisco des robotaxis conçus sur mesure par Zeekr ? Les premiers véhicules auraient déjà été aperçus sur les routes américaines, mais le statu quo pourra-t-il survivre à ces secousses économiques et politiques ?
Dans cette tourmente, les investisseurs individuels de Hong Kong, quant à eux, se verront imposer le versement en cash, sans possibilité de conversion en actions. La manœuvre de Geely, dictée par la prudence ou par la contrainte, soulève d’autres interrogations plus larges : la mondialisation de la tech peut-elle résister à la fragmentation des marchés financiers, ou va-t-on vers d’autres retraits similaires ? Les alliances sino-américaines sont-elles vouées à l’échec dans ce nouveau contexte ?
Alors que la clôture de la fusion s’approche et que les regards se tournent vers les prochains mouvements stratégiques de Geely et Zeekr, difficile de ne pas s’interroger sur la portée de ce coup de tonnerre. Et si demain, d’autres entreprises suivaient le même chemin ? Pour Zeekr et ses partenaires, la route promet d’être semée d’embûches – mais quelles seront les conséquences concrètes pour les consommateurs américains et la dynamique de l’innovation dans la mobilité autonome ?
La privatisation de Zeekr marque-t-elle un simple repli tactique ou bien le signal d’une fracture durable entre les acteurs mondiaux de la tech ?
Source : Techcrunch




