Et si demain, ce n’était plus vous qui appeliez votre vétérinaire pour demander un créneau ou connaître le prix d’une toilette pour chien, mais une intelligence artificielle à votre service ? Google vient d’annoncer le déploiement massif, aux États-Unis, de son nouvel outil d’IA capable d’appeler les entreprises locales à votre place. Faut-il y voir l’arrivée d’un assistant augmenté qui va révolutionner nos interactions quotidiennes avec le monde professionnel, ou bien une nouvelle étape dans l’automatisation des échanges ?
Concrètement, comment fonctionne ce système aussi fascinant qu’intrigant ? Il suffit de demander à Google, par exemple, « toiletteurs pour animaux près de chez moi », puis de laisser l’option « Laissez l’IA vérifier les tarifs » faire son œuvre. Rapidement, l’IA vous pose quelques questions de base : le type d’animal, la prestation souhaitée, le créneau. Ensuite ? Elle appelle elle-même les professionnels et vous transmet les réponses. Mais comment les entreprises vont-elles réagir à ces appels automatisés, surtout alors que chaque appel débute par l’annonce claire qu’il s’agit bien d’un robot Google ? Difficile d’ignorer, à l’ère du numérique, l’impact possible sur la relation client-fournisseur.
Ce qui frappe, c’est la rapidité avec laquelle Google transforme l’expérimentation de janvier dernier, réservée aux usagers volontaires des Search Labs, en une fonctionnalité nationale. Pourquoi ce passage à l’échelle si soudain ? Est-ce la demande des utilisateurs qui pousse l’entreprise à accélérer, ou bien la crainte de se faire doubler par les concurrents de l’IA conversationnelle ? Google, après avoir essuyé une polémique en 2018 sur l’humanité trompeuse de ses robots, a-t-il vraiment appris de ses erreurs ? L’IA annonce aujourd’hui clairement sa nature au téléphone — mais est-ce suffisant pour rassurer ceux qui craignent une déshumanisation du contact ?
Google met les bouchées doubles sur l’IA, en cherchant à imposer ses modèles et ses outils avant une éventuelle saturation du marché.
Au-delà de l’appel automatisé, Google muscle également son « AI Mode ». En y intégrant le modèle Gemini 2.5 Pro pour les abonnés AI Pro et AI Ultra, la firme promet désormais de répondre à des questions complexes ou techniques sur le code, les mathématiques, ou la logique pure. Le nouveau mode « Deep Search », quant à lui, va-t-il redéfinir notre façon de faire des recherches ? Imaginez : plusieurs centaines de requêtes croisées, compilées et analysées en quelques minutes, pour aboutir à un rapport argumenté, sourcé, prêt à l’emploi. Est-ce la promesse d’une recherche à la fois rapide, précise… et dépossédée de tout contact avec la pluralité des sources brutes ?
Que penser des dizaines d’améliorations récentes de l’AI Mode, comme cette fonction de discussion vocale continue, ou le shopping boosté par l’IA ? Google s’attaque-t-il frontalement aux nouveaux géants de l’intelligence artificielle générative, à l’instar de Perplexity AI ou de ChatGPT Search ? Au fil des intégrations, la frontière entre moteur de recherche traditionnel et assistant personnel ultra-puissant devient de plus en plus floue. L’utilisateur peut-il encore distinguer ce qui relève de l’algorithme et ce qui ressort de la prise d’initiative humaine ?
Dans ce contexte, à quoi ressembleront nos interactions numériques demain ? Si l’IA gère échanges, recherches et même prises de rendez-vous pour nous, y aura-t-il encore de la place pour le hasard, l’erreur — voire « l’humain » — dans la prise de décision quotidienne ?
Alors que Google prend une longueur d’avance sur l’intégration massive de l’IA dans la vie courante, la question qui demeure est simple et cruciale : à quel point sommes-nous vraiment prêts à déléguer nos discussions, nos recherches et, peut-être, une partie de notre jugement à des machines ?
Source : Techcrunch



