Les adolescents américains vivent-ils déjà dans un monde où la frontière entre interactions humaines et intelligence artificielle devient floue ? Une nouvelle étude menée par Common Sense Media révèle des chiffres frappants sur l’adoption des compagnons IA chez les jeunes, mais qu’est-ce qui se cache vraiment derrière cette popularité fulgurante ?
Près des trois quarts (72 %) des adolescents interrogés affirment avoir utilisé au moins une fois un “compagnon” IA, allant bien au-delà des assistants classiques type Siri ou Alexa. Mais à quel point ces échanges sont-ils personnels et intenses ? Les outils de discussion comme Character.AI, Replika ou même ChatGPT offrent aujourd’hui une simulation de discussions intimes, parfois émotionnelles. Et si 52% des jeunes se disent utilisateurs réguliers, pourquoi cette forme d’interaction les attire-t-elle autant ?
Cet engouement cache-t-il une quête de divertissement, ou un besoin d’écoute inassouvi ? Le sondage dévoile que 30% utilisent ces IA pour se divertir, 28% par simple curiosité, 18% pour recevoir des conseils, et 17% simplement parce que l’IA est « toujours disponible ». Mais la confiance règne-t-elle ? La moitié des adolescents se montrent méfiants vis-à-vis des réponses de l’intelligence artificielle, notamment les plus âgés, moins enclins à prendre au sérieux les conseils distillés par le robot.
L’irruption massive des compagnons IA chez les ados bouscule nos repères et soulève autant d’inquiétudes qu’elle ouvre de nouvelles pratiques sociales.
Malgré la méfiance, certains ados (un sur trois) trouvent les discussions avec l’IA plus satisfaisantes qu’avec leurs propres amis. Doit-on s’inquiéter de cette préférence nouvelle ? Et que penser des conséquences quand près de 40 % des jeunes s’entraînent à la sociabilité ou testent des situations réelles grâce à leur compagnon numérique ? Sans compter les risques pointés par de récents faits divers et des procès impliquant ces IA, accusées d’avoir eu une influence négative sur certains utilisateurs fragiles.
L’étude permet aussi de relativiser : 80% des adolescents passent toujours plus de temps avec leurs amis “IRL” qu’avec leur IA. Pourtant, la question demeure : cette cohabitation entre échanges numériques et humains est-elle saine et durable ? Le recours à l’IA comme outil de simulation sociale et émotionnelle prépare-t-il les jeunes à la vraie vie, ou les installe-t-il dans un simulacre réconfortant et potentiellement aliénant ?
Face à cette révolution discrète mais profonde, comment la société – parents, éducateurs, régulateurs – doit-elle accompagner les adolescents pour garantir qu’ils en ressortent outillés, pas isolés ? Les compagnons IA se contenteront-ils de jouer les assistant sociaux virtuels, ou façonneront-ils à terme une nouvelle façon d’être au monde ?
Source : Techcrunch




