Peut-on vraiment réconcilier les opinions divergentes sur les réseaux sociaux grâce à l’intelligence collective ? Alors qu’Elon Musk ne cesse d’expérimenter sur X (anciennement Twitter), la plateforme pousse encore plus loin son concept de “Community Notes”. Mais cette démarche peut-elle vraiment relever le défi de la polarisation en ligne ?
Jusqu’ici, le système d’annotations communautaires servait principalement à vérifier les faits, s’appuyant sur un mystérieux “bridging algorithm” pour donner de la visibilité uniquement aux notes qui font consensus entre contributeurs aux opinions habituellement opposées. Est-ce ce biais algorithmique, plutôt que la simple sagesse populaire, qui parvient à sauver la note face à la désinformation ? Nous avons tous vu les limites : rapidité douteuse, retard face à l’ampleur des fake news… Pourtant, Meta s’en est inspiré, abandonnant au passage ses propres outils de modération.
Aujourd’hui, X veut aller plus loin : pourquoi ne pas utiliser cette méthode pour repérer non plus seulement les intox, mais aussi “les meilleurs posts” ? Peut-on vraiment identifier des contenus “universellement” appréciés et trouver ce graal social – la publication qui plaira à des camps ennemis ? Dès maintenant, certains volontaires du programme Community Notes vont pouvoir évaluer – via un questionnaire – pourquoi ils aiment ou détestent un post populaire.
Ce nouveau pari soulève une question cruciale : la plateforme peut-elle objectivement créer du lien social au-delà des bulles d’opinions ?
Ce pilote mérite-t-il vraiment d’être surveillé ? Le but affiché par X ne manque pas d’ambition : grâce au croisement des retours, un post reconnu “positivement” par des profils très différents deviendrait visible comme le reflet de ce qui “résonne largement”. Mais qui sont ces modérateurs de l’ombre ? Sur quels critères seront sélectionnées les notes retenues pour qualifier un post de passerelle ? Le système, déjà critiqué pour son opacité, arrivera-t-il à se montrer transparent et digne de confiance alors que la lutte contre la manipulation d’opinion devient stratégique ?
Avec ce nouvel outil, Elon Musk souhaite démontrer qu’il est possible d’identifier les idées et discussions capables de rapprocher les internautes, y compris sur les sujets polémiques. Évidemment, le test sera mené par “une petite équipe pilote”, dans la plus pure tradition du “build in public” chère à la Silicon Valley. Mais combien de temps faudra-t-il avant de voir cet outil déployé à grande échelle, et surtout, sera-t-il à la hauteur face à la toxicité toujours croissante du débat numérique ?
À l’heure où la concurrence mise sur le laxisme ou l’automatisation, X parie sur le crowdsourcing citoyen encore plus poussé. À vous de juger : assisterons-nous prochainement à une révolution dans la manière de faire émerger le consensus en ligne, ou ce dispositif se heurtera-t-il à la complexité inextricable des réseaux sociaux modernes ?
Source : Techcrunch
