Le déploiement massif de l’intelligence artificielle à l’école peut-il réellement favoriser l’apprentissage, ou ne fait-il que remplacer l’effort critique par des réponses toutes faites ? Cette question hante de nombreux enseignants, parents et étudiants, alors qu’OpenAI inaugure Study Mode, une nouvelle fonctionnalité de ChatGPT censée révolutionner la manière dont les élèves apprennent en ligne. Quelles ambitions la start-up de Sam Altman met-elle réellement derrière cet outil ?
Depuis ce mardi, Study Mode commence à apparaître pour les utilisateurs connectés, qu’ils bénéficient d’un accès gratuit, Plus, Pro ou d’une offre Team. Le but ? Encourager les étudiants à réfléchir par eux-mêmes : ChatGPT ne fournit plus directement les réponses, mais pose des questions et teste la compréhension de l’élève. Mais à quel point ces intentions pédagogiques sont-elles sincères, et comment une IA peut-elle juger de notre esprit critique ?
Si OpenAI avance que Study Mode répond à l’explosion de l’usage de ChatGPT par des millions d’étudiants, il n’ignore pas les controverses. Des études récentes soulignent que l’IA peut, certes, améliorer certaines compétences – en mathématiques par exemple – mais aussi nuire à la pensée critique. Une publication ce printemps indiquait même que les élèves utilisant ChatGPT pour rédiger des essais voyaient leur activité cérébrale chuter, comparativement à ceux qui cherchaient via Google ou ne sollicitaient pas l’IA. Cela soulève la question : ne risque-t-on pas, à force de déléguer l’apprentissage à l’IA, d’affaiblir la capacité d’analyse autonome des élèves ?
L’intelligence artificielle pourrait-elle, en voulant soutenir nos études, appauvrir notre esprit critique ?
Le lancement de ChatGPT dans les écoles en 2022 a d’ailleurs fait l’effet d’un séisme : de nombreux établissements américains ont tout simplement banni l’outil de leurs réseaux. Mais, face à l’inévitabilité de l’IA, certains ont depuis rouvert la porte, admettant qu’il est impossible d’ignorer ces nouveaux outils dans la formation des jeunes générations. Dès lors, faut-il craindre une « tricherie organisée » ou y voir un tremplin pour une pédagogie augmentée ?
Avec Study Mode, OpenAI tente de transformer ChatGPT d’une simple machine à réponses en véritable partenaire de réflexion. Anthropic a suivi le mouvement avec « Learning Mode » pour Claude. L’innovation est-elle en train de changer le rapport à la connaissance à l’école, ou n’est-ce qu’un nouveau vernis éthique pour des dispositifs difficiles à contrôler dans la pratique ?
Car le bât blesse sur un point clé : rien n’interdit à un élève de sortir de Study Mode pour revenir à l’utilisation classique de ChatGPT et obtenir, sans détours, la réponse attendue. Selon Leah Belsky, vice-présidente Éducation chez OpenAI, il n’existe pas encore d’option pour forcer l’utilisation de Study Mode via des contrôles parentaux ou administratifs. Ainsi, l’adoption de ce mode d’apprentissage repose avant tout sur la motivation réelle – et l’honnêteté – des élèves.
OpenAI promet que Study Mode n’est qu’un premier pas et annonce vouloir publier de futurs rapports détaillant l’impact de l’IA générative sur la réussite scolaire. Reste à savoir si cette transparence annoncée pourra répondre aux interrogations croissantes sur l’avenir de l’éducation à l’ère de l’intelligence artificielle. Les élèves useront-ils de ces outils pour apprendre ou simplement pour aller plus vite à la bonne réponse ?
Source : Techcrunch




