« La censure, c’est un peu comme les spoilers : tout le monde prétend détester ça, mais certains ne peuvent pas s’en empêcher. »
Cette semaine, le monde des jeux vidéo indépendants aurait bien aimé que l’actualité prenne une pause-café, mais pas de chance : entre la ruée de nouveautés et quelques polémiques musclées, il était plutôt question de double espresso ! Et la star de la semaine, ce n’est pas un ninja pixelisé, ni une mouche philosophe (oui oui), mais bien… les paiement processors. Oui, ces mêmes acteurs de l’ombre — Stripe, Paypal, Visa, Mastercard — qui, sous la pression d’activistes australiens, font la pluie et le beau temps sur le contenu jugé trop « adulte » ou trop LGBTQIA+.
Résultat ? Steam et Itch.io, archipels incontournables pour les gamers du dimanche et du samedi soir, ont dû supprimer ou reléguer dans l’ombre certains jeux jugés trop osés. Valve, par exemple, a dit un définitif game over au jeu « VILE: Exhumed » de Cara Cadaver, accusé de contenus sexuels à base « de vraies personnes » (ce que la créatrice, elle, conteste). Pour les petits studios, le coup est rude et la manette qui dérape : Steam, c’est un peu la cantine centrale de la visibilité et des ventes, alors sans elle…
Quand l’argent décide ce qui est montrable, l’art finit souvent à poil dans le couloir.
Mais tout n’est pas morosité : Itch.io tente de rebondir, en réindexant (en catimini) une partie de son contenu adulte — du moins le gratuit — et cherche d’autres partenaires financiers, moins frileux côté identité graphique et orientation sexuelle de leurs pixels. Pendant ce temps, certains développeurs dénoncent une pseudo-morale instrumentalisée par des groupes conservateurs anti-LGBTQIA+, rappelant que l’activisme camouflé n’est jamais loin d’une partie de cache-cache avec la liberté d’expression…
Heureusement, l’actu indé n’est jamais avare en pépites. Côté sorties réjouissantes : « Ninja Gaiden: Ragebound » fait un retour fracassant façon 8 bits dopés aux stéroïdes (nostalgique et jubilatoire pour tous ceux qui aiment les défis ET les couleurs vives), pendant que « Time Flies » propose de vivre la vie trépidante… d’une mouche faisant sa bucket list avant l’inévitable opposé d’un game over. Un concept hilarant, où l’on apprend que même les diptères peuvent méditer sur le sens du temps (et éviter, accessoirement, les tapettes). Mention aussi pour « Star Racer », héritier assumé de F-Zero, ou encore « Earthion », shoot’em up à la BO signée Yuzo Koshiro, grande idole des rétrogamers (et des oreilles exigeantes).
Là où la réalité dépasse la fiction, c’est lorsqu’une game jam propulsée par Global Game Jam propose aux créateurs de plancher sur des sujets d’enquêtes journalistiques réelles (crimes organisés, corruption, et tout ce qui fait le charme du 20h). Voilà qui promet des projets où la manette servira autant à piloter qu’à enquêter comme Columbo 2.0 !
Comme quoi, derrière les pixels, la bataille du jeu vidéo se joue aussi sur le terrain des idées. Les développeurs devront-ils bientôt payer leurs consoles en bons points de morale ? Réponse au prochain épisode ! Et souvenez-vous : dans l’univers indie, il n’y a pas de mauvaise pub… Il n’y a que des bugs à patcher !
Source : Engadget




