Qu’est-ce qui pousse StubHub à relancer brusquement son projet d’introduction en Bourse après l’avoir mis en pause ? Est-ce un signe de confiance dans la stabilité des marchés américains ou, au contraire, une fuite en avant alors que la volatilité persiste ?
Ce lundi, la plateforme de revente de billets a déposé un nouveau document S-1, incluant cette fois ses résultats du premier trimestre 2025. Une relance surprise pour une société qui avait freiné des quatre fers en avril, effrayée par les secousses causées par les nouvelles barrières douanières voulues par l’administration Trump. Pourquoi ce revirement aussi rapide ? Est-ce la pression d’investisseurs impatients ou la perspective d’une fenêtre boursière qui risque, cette fois, de se refermer pour longtemps ?
Les analystes de Renaissance Capital, connus pour leur flair sur le marché des IPO, restent prudents mais misent désormais sur une collecte d’un milliard de dollars et un possible lancement dès le mois prochain. Faut-il y voir le début d’une nouvelle vague d’entrées en Bourse dans la tech, stimulée par l’exemple de StubHub ? Ou bien s’agit-il d’un cas isolé, la plateforme s’abritant derrière ses résultats financiers récents pour convaincre un marché action encore fébrile ?
StubHub tente de transformer une perte minimale en un tremplin pour convaincre Wall Street de sa robustesse future.
Car, si StubHub affiche un chiffre d’affaires impressionnant de 1,8 milliard de dollars pour 2024, elle accuse également une perte nette, certes modique, de 2,8 millions. Peut-on rassurer des investisseurs échaudés avec un chiffre négatif, même réduit ? Autre point à surveiller : la gouvernance. Si Eric Baker, fondateur et CEO charismatique, ne détient que 5,2% des actions de classe A, il contrôle pourtant 90% du vote grâce à la totalité des actions à super-pouvoirs de classe B. Un structure de pouvoir asymétrique, qui pourrait bien inquiéter certains actionnaires potentiels.
Derrière Baker, les véritables propriétaires sont Madrone Partners, WestCap et Bessemer, des fonds à l’allure parfois mystérieuse et dont l’influence pourrait devenir décisive selon le succès – ou l’échec – de l’IPO. Pourquoi ce trio privilégie-t-il le maintien de Baker à la barre ? Et comment interpréter la discrétion de la plateforme, qui refuse tout commentaire sous prétexte de quiet period ?
La question fondamentale reste donc en suspens : StubHub joue-t-elle gros sur cette opération, ou le marché est-il prêt à miser à nouveau sur des modèles économiques confrontés à la volatilité et à la concurrence féroce ? Jusqu’où ira la confiance retrouvée des investisseurs dans les licornes du ticketing ?
À la veille de cette éventuelle entrée sur le Nasdaq, la réussite du pari tenté par StubHub pourrait bien annoncer – ou pas – la dynamique future du secteur des introductions en Bourse technologiques américaines. Mais, si l’opération s’avère plus risquée qu’il n’y paraît, qui sera vraiment prêt à en payer le prix ?
Source : Techcrunch




