Est-ce que le secteur des technologies propres est en train de perdre son élan aux États-Unis, malgré les ambitions affichées récemment ? Une récente étude du Rhodium Group et du MIT révèle que, pour le deuxième trimestre consécutif, plus d’investissements dans la fabrication de technologies propres ont été annulés qu’annoncés. Que s’est-il passé, alors que les investissements semblaient s’accélérer il y a peu ?
Les chiffres sont parlants : 5 milliards de dollars de projets annulés contre seulement 4 milliards d’annonces de nouveaux investissements. Mais ce n’est pas qu’une simple question d’annonces : les investissements réellement réalisés dans le secteur ont chuté de 15 %. Pourquoi ce retournement de tendance aussi soudain ? Est-ce le signe d’une défiance croissante de l’industrie envers le marché américain, ou bien une réaction aux changements législatifs en cours ?
Un élément clé du contexte réside dans la récente réforme portée par le camp républicain, qui a édulcoré le cadre créé par l’Inflation Reduction Act. Cette loi avait pourtant alimenté une vague d’investissements dans la production locale. Avec la suppression de certains soutiens, comme les crédits d’impôts à la production et des incitations à la demande, de nombreuses lignes d’assemblage de batteries et d’usines de véhicules électriques se sont retrouvées fragilisées. Peut-on alors s’étonner que les entreprises préfèrent annuler leurs engagements plutôt que de risquer l’aventure ?
Les annulations d’investissements pourraient être le signe d’un malaise plus profond touchant la confiance dans l’industrie manufacturière américaine.
Bizarrement, le segment des batteries—si crucial à la transition vers la voiture électrique—encaisse le plus de coups, mais reste pourtant moteur d’une grande partie des nouveaux investissements. Comment expliquer ce paradoxe : pourquoi attire-t-il autant de capitaux alors que les usines ferment les unes après les autres ? Est-ce une course à la taille critique, ou une bataille perdue d’avance contre les importations ?
Ce repli ne touche pas uniquement le secteur des technologies vertes : l’ensemble de la production manufacturière américaine accuse un recul, selon le Bureau of Economic Analysis. La construction de nouvelles usines a ainsi chuté deux trimestres de suite—une situation inédite depuis 2020. Cela traduit-il un malaise général dans l’économie, ou le retournement d’un cycle dopé artificiellement ?
Ce ralentissement tranche avec l’optimisme d’il y a deux ans, juste après l’entrée en vigueur de l’Inflation Reduction Act, quand les investissements dans les nouvelles structures industrielles atteignaient des niveaux historiques. Qu’est-ce qui a changé en si peu de temps — la législation, la rentabilité, ou simplement un engouement passager ?
Certes, l’économie américaine affiche encore une croissance plus vigoureuse qu’attendue au deuxième trimestre, avec un PIB en hausse de 3,3 %. Mais si la dynamique manufacturière continue de s’essouffler, cette solidité n’est-elle qu’un trompe-l’œil voué à se fissurer ?
À l’heure où la décarbonation et l’indépendance industrielle se posent en priorités stratégiques, les États-Unis risquent-ils de se retrouver à la traîne ?
Source : Techcrunch




