Pourquoi, en Inde, la transformation numérique semble-t-elle avoir oublié les services bancaires aux entreprises alors que le secteur bancaire grand public connaît une véritable révolution? Malgré la popularité de solutions telles que l’UPI, l’expérience des PME indiennes vis-à-vis des banques demeure archaïque, entravée par des interfaces vieillissantes et une dépendance excessive au papier. Que fait-on pour combler ce retard et qui sont les acteurs qui relèvent ce défi?
Alors que la fintech a bouleversé la vie des particuliers indiens depuis une décennie, le B2B reste bloqué dans des pratiques manuelles et des portails multiples qui compliquent la vie des entreprises. Pourquoi un pays avec près de 75 millions de PME, reconnu comme le plus vaste marché au monde dans ce domaine, peine-t-il à offrir aux sociétés des infrastructures bancaires à la hauteur des enjeux du XXIe siècle? Quel est le prix à payer pour cette inertie au moment où l’économie du pays exige agilité et rapidité?
Dans ce contexte, TransBnk, une start-up fondée à Mumbai en 2022 par d’anciens banquiers, se propose de secouer la fourmilière. Peut-elle contribuer à combler le fossé en offrant un « système d’exploitation commun » aux entreprises, c’est-à-dire une interface unique connectant différentes banques, adaptée aux besoins de trésorerie, de gestion de liquidités ou de services d’entiercement? Avec une récente levée de fonds de 25 millions de dollars menée par Bessemer Venture Partners, cette jeune pousse veut changer la donne, mais comment entend-elle s’y prendre face à un secteur réputé difficile à moderniser?
Le retard technologique des banques d’affaires indiennes offre aux nouveaux venus un terrain de jeu aussi risqué que prometteur.
TransBnk revendique déjà l’intégration complète d’une quarantaine de banques partenaires et la connexion de plus de 220 clients (dont 80 % sont des marchands, fintechs et autres prêteurs). Ce modèle de « guichet unique » est-il la clé d’une adoption massive? Dans un marché B2B indien dont la valeur pourrait atteindre 20 milliards de dollars d’ici 2030, comment cette start-up se positionne-t-elle face à des mastodontes mondiaux comme Finastra, Temenos ou Infosys, qui modernisent déjà l’infrastructure bancaire ailleurs?
Il est important de noter qu’en Inde, peu d’acteurs sur ce segment se frottent à l’intégration complexe des systèmes bancaires traditionnels et aux exigences spécifiques du monde de l’entreprise. Cette barrière technologique, couplée à la nécessité de relations étroites avec les banques, constitue l’un des principaux défis pour TransBnk. Mais ce pari pourrait bien rapporter gros: en un an, la société affirme avoir multiplié son chiffre d’affaires par douze, générant un revenu récurrent annuel de 12 millions de dollars, tout en atteignant la rentabilité — un exploit plutôt rare dans les jeunes pousses fintech.
Nouvellement valorisée sept fois plus qu’à la levée précédente et forte de l’appui d’investisseurs globaux, TransBnk prévoit de s’exporter vers l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient. Les ambitions de la start-up ne s’arrêtent pas là : ses solutions pourraient bientôt s’étendre à des secteurs aussi variés que l’immobilier, la pharmacie ou l’énergie renouvelable. Mais face à ces perspectives alléchantes, jusqu’où la « plateformisation » de la banque d’entreprise peut-elle aller, et cette jeune pousse saura-t-elle tenir le rythme face aux pressions du marché?
Face à ces mutations profondes, on peut se demander : l’Inde est-elle en passe de devenir un leader mondial de la banque d’entreprise digitale, ou les fractures entre secteurs grand public et corporate risquent-elles de s’accentuer malgré les innovations de startups comme TransBnk?
Source : Techcrunch




