« Pourquoi ne pas ouvrir un bureau là où tout le monde a déjà ouvert WhatsApp ? » OpenAI a sûrement dû se poser la question avant de décider d’installer ses valises, ses algorithmes, et, bien sûr, ses snacks, au cœur de New Delhi. Derrière cette première implantation officielle, l’entreprise rêve non seulement de masala et de Bollywood, mais surtout de conquérir une part du gâteau numérique le plus épicé au monde : le marché indien de l’IA.
On pourrait croire que l’équipe de Sam Altman part simplement en vacances, mais non : OpenAI a nommé Pragya Misra, ancienne star de Truecaller et Meta, pour tisser des liens avec le gouvernement, les universités et plus encore. Et histoire de ne pas louper le train à grande vitesse du digital indien, Rishi Jaitly, ex-boss de Twitter India, s’offre un nouveau badge de conseiller sénior. Leur mission ? Amadouer, dialoguer, organiser des dîners (avec du poulet tikka), et convaincre que l’IA sauce californienne a tout pour s’intégrer à la recette indienne.
Pourquoi ce soudain amour pour le sous-continent ? Tout simplement parce que l’Inde, deuxième marché mondial d’internet et des smartphones, est vue comme le terrain de jeu rêvé par tous les géants technos—qu’on s’appelle Google, Meta, ou le challenger Perplexity. C’est la course au milliard d’utilisateurs, avec une seule règle : adapter son produit, sous peine de regarder le train (ou le rickshaw) passer. OpenAI le sait, et lance une équipe locale pour customiser ses offres, récolter le feedback et développer de nouveaux outils « made in India ».
Pour percer en Inde, il ne suffit pas de parler IA, il faut parler chai, cricket et consentement des ayants droit.
Le patron Sam Altman affiche sa plus belle moustache virtuelle : ouvrir une antenne en Inde est, dit-il, la première étape pour rendre l’IA accessible partout dans le pays et construire l’IA pour l’Inde… avec l’Inde. (Avouez que ça sonne mieux quand c’est prononcé avec conviction devant un plat de butter chicken.) D’ailleurs, OpenAI prévoit déjà un Education Summit et un Developer Day à l’indienne, histoire de mixer code, innovation et épices locales.
Mais tout n’est pas aussi lumineux que le Taj Mahal sous le soleil du Rajasthan. Le vrai défi, c’est de convertir des utilisateurs habitués au « gratuit avant tout » en abonnés fidèles (et payants !). Preuve que la concurrence est féroce : Perplexity offre déjà douze mois gratuits de son IA à des centaines de millions d’abonnés Airtel. OpenAI, lui, dégaine son plan ChatGPT Go à moins de 5$ par mois, avec la promesse d’un chatbot qui comprend (enfin) les subtilités locales et les GIFs de Bollywood.
D’autres épices viennent relever la sauce. Côté business, il faut aussi convaincre les entreprises locales tout en évitant les procès de groupes médias qui reprochent à OpenAI d’avoir goûté un peu trop librement dans leur buffet d’informations. Cependant, tout cela n’empêche pas le gouvernement indien de dérouler le tapis rouge à l’IA, bien décidé à hisser le pays parmi les leaders mondiaux du secteur. Prise à l’envers : alors que certains pensent que l’Asie, c’est Tokyo ou Séoul d’abord, on réalise que New Delhi n’est plus un simple arrêt dans la course à l’IA, mais une étape de choix.
Finalement, si dompter ce marché ne sera pas de tout repos, OpenAI a l’air prêt à tout (même à boire l’eau du Gange ?) pour ravir le cœur numérique – et les portefeuilles – des Indiens. Entre tradition et innovation, une certitude : pour réussir en Inde, il faut savoir jongler entre cricket… et copyright !
Source : Techcrunch




