« On ne peut pas ressusciter les morts… mais on peut toujours leur coller un avatar ! » Voilà une maxime qui devrait bien plaire aux têtes pensantes de la startup Fable, qui a décidé que l’histoire du cinéma méritait un petit coup de pinceau numérique… ou plutôt un immense coup de pinceau génératif façon IA ! Leur dernier projet, aussi audacieux qu’un slip léopard sur le tapis rouge, vise ni plus ni moins qu’à ressusciter les 43 minutes perdues du film culte d’Orson Welles, « The Magnificent Ambersons ».
Pour les non-initiés, Fable promet d’être le « Netflix de l’IA » (oui, rien que ça) et s’est récemment fait remarquer en récoltant quelques dollars au passage, notamment auprès de l’Alexa Fund d’Amazon. La startup propose déjà aux internautes de créer des dessins animés sur-mesure avec quelques prompts bien choisis – comme un générateur de cartoon pour geek pressé. Leur rêve secret ? Mettre tout Hollywood sur le tapis de jeu. Et pour pimenter le tout, Fable s’amuse même à pondre des épisodes de South Park non-officiels. Cela doit être pour s’entraîner à la créativité (et titiller les avocats par la même occasion).
Leur nouveau tour de magie ? Un modèle d’IA censé pouvoir générer des récits longs et retors, comme un auteur coincé dans une boucle temporelle. Problème (et il est de taille) : ils n’ont pas les droits du film. Bref, on parle ici davantage d’un gros coup de com’ que d’un film qui sortira un jour sur grand écran, ou même en mini fenêtre pop-up sur votre iPhone.
À Hollywood, on adore les remakes — mais l’originalité n’est pas vraiment un personnage principal dans ce film.
Mais pourquoi donc s’acharner sur « The Magnificent Ambersons » ? Si le titre ne vous dit rien, pas d’inquiétude : même les fans de cinéma préfèrent souvent l’autre chef-d’œuvre de Welles. « Citizen Kane » récolte tous les lauriers alors que « Ambersons » fait figure de légende maudite, amputée par le studio et terminée avec un happy ending forcé, un peu comme si on réécrivait « Moby Dick » pour que la baleine invite tout le monde à un goûter.
Ce fantasme de la version perdue, cette aura de drame historique, voilà ce qui attire Fable et le réalisateur Brian Rose, qui a déjà passé cinq ans à triturer le film original comme un puzzle en 3D. Mais le twist ironique du scénario : la famille d’Orson Welles, elle, n’a même pas reçu d’invitation à la fête. David Reeder, le gardien officiel de l’œuvre pour la fille du réalisateur, s’est fendu dans Variety d’une critique bien sentie : selon lui, ce projet n’est qu’un « exercice purement mécanique », loin du génie créatif du bonhomme. Ambiance, ambiance.
Cela dit, ne croyez pas que la famille soit complètement allergique à l’IA. Reeder rappelle que la succession a déjà collaboré à un modèle IA de la voix de Welles, histoire de vendre du « Othello » à la sauce steak haché si une marque le demande. Ce qui l’agace vraiment ? De ne même pas avoir été prévenu, question de politesse, tout simplement.
Fable, de son côté, imagine une hybridation entre scènes tournées avec des acteurs contemporains (qui verront leur visage digitalement remplacé) et gros patchwork IA. Autant dire que le film qui pourrait naître de tout ça aura tout d’un « Frankenstein Movie » : ce n’est plus du cinéma, c’est de la chirurgie numérique. Mais peut-être faut-il voir ici plus d’hommage que de reconstitution ? Le réalisateur Brian Rose, lui, rêve de ressusciter un fameux long travelling de quatre minutes disparu dans la version finale. Hélas, même l’intelligence artificielle ne pourra jamais reconstituer la magie de l’original ; le vrai chef d’orchestre, c’était Welles lui-même, et seul un miracle ouvrirait la voie au retour de cet héritage.
Blague à part, l’histoire nous rappelle que, même avec un ordinateur surpuissant, on ne fait pas tourner les tables d’Orson Welles si facilement… sinon, c’est le remake assuré du Fantôme du Cinéma !
Source : Techcrunch




