Squelettes numériques et alliances cannibales : quand la tech saborde son futur (et le nôtre)

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Squelettes numériques et alliances cannibales : quand la tech saborde son futur (et le nôtre)

Quand l’aridité des bilans financiers rencontre l’élan de l’innovation, il ne reste bien souvent qu’un champ de bataille, jalonné de promesses non tenues et de talents remerciés à la criée. Il suffit de jeter un œil récent sur l’hécatombe chez Rivian pour humer l’air du temps : la start-up, pionnière du pick-up électrique branché, tente de dessiner son avenir à coups de licenciements. Faut-il y voir une stratégie rationnelle d’optimisation ou le symptôme d’une industrie qui, sous prétexte de transition verte, réserve sa croissance à ceux qu’elle n’emploie pas ?

Le paradoxe n’est pas neuf, mais il atteint un sommet électrique. Tandis que Rivian coupe dans les effectifs commerciaux et fabrication, elle mise à fond sur son prochain modèle, le R2 : cette voiture sera la « bouée de sauvetage », peut-être même la dernière. Mais, quelle confiance inspirer à des consommateurs alors même que l’épine dorsale, les équipes, se disloquent ? L’espoir industriel s’effiloche d’autant plus que le secteur, frappé par la baisse de la demande et la féroce concurrence, ressemble à un jeu de chaises musicales où, chaque trimestre, une faction est priée de quitter la salle sans bruit.

Dans un tout autre registre mais poussés par la même nécessité d’échapper à l’étau – celui de l’opacité croissante du marché et d’un avenir chancelant – Nvidia et Intel redistribuent, eux, les cartes du silicium. Le premier injecte cinq milliards de dollars dans le second, acquiert 4% de son capital et fusionne architectures et ambitions autour de l’intelligence artificielle, conduisant à une union qui sent autant l’opportunisme que la panique stratégique. Pendant que Rivian s’ampute, Intel et Nvidia greffent, amalgament, modulent le cœur même de la compétition technologique mondiale – preuve que, dans tous les segments du secteur, la fuite en avant tient lieu de plan à moyen terme.

L’innovation n’est souvent qu’un autre nom donné à la peur de stagner ou de disparaître.

Là où Rivian craint pour sa survie en rabotant sa force de travail, Intel vend la sienne au plus offrant : Nvidia n’est plus seulement un concurrent, mais l’avenir rêvé d’un géant fatigué. Les grands récits industriels actuels oscillent donc entre l’amaigrissement squelettique pour plaire aux investisseurs et la fusion cannibale pour ne pas glisser au rang d’anecdote. Mais ce grand ménage cache une vérité glaçante : toute innovation s’écrit dorénavant sur les décombres humains ou sur l’abandon des principes même du jeu concurrentiel.

Le sort de Rivian, tout comme l’attelage inédit entre Nvidia et Intel, compose ainsi le tableau d’un écosystème où la technologie ne construit plus seulement l’avenir : elle le morcelle, le privatise – parfois même le saborde dans une course au court-termisme. De R2 au x86 RTX, la seule constante est l’incertitude ; et si ces guerres de positions signalent un basculement durable du rapport à la réussite et à l’innovation, alors la prochaine révolution ne sera pas technologique, mais sociale.

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