Comment un simple jet d’hydrogène dans une région lointaine de notre galaxie pourrait-il chambouler nos convictions sur la naissance des plus grandes étoiles ? Est-on sur le point de réécrire le livre des origines cosmiques ?
Au cœur de la nébuleuse Sharpless 2-284, à 15 000 années-lumière, une étoile baptisée S284p1 intrigue depuis peu les astronomes. Pourquoi donc cette étoile, dix fois plus massive que notre Soleil, éjecte-t-elle deux gigantesques jets de gaz à près de 300 000 km/h ? Ces jets, étendus sur 8 années-lumière, sont-ils l’empreinte d’un processus classique ou l’exception qui fait tomber nos précédentes certitudes ?
La collaboration entre la NASA, l’ESA et l’ASC grâce au télescope Webb a permis d’observer un phénomène rare : des jets de taille colossale émanant d’une étoile en pleine croissance. Jusque-là, on savait que de petits « bébés étoiles » lançaient ces faisceaux. Mais à ce point, pour des objets stellaires aussi massifs ? Que révèle-t-on vraiment sur la dynamique de leur formation ?
La découverte d’un jet colossal et ordonné dans une zone pauvre en métaux bouleverse nos modèles de naissance stellaire.
Ce qui surprend d’autant plus, c’est l’environnement hostile dans lequel S284p1 évolue. Pourquoi trouve-t-on une telle régularité dans ses jets alors même que la région manque cruellement d’éléments lourds, comme le carbone ou l’oxygène, longtemps jugés indispensables à une formation ordonnée ? L’absence de ces «métaux» n’aurait-elle donc pas l’effet chaotique que l’on prédisait sur la création de géantes stellaires ?
Les astronomes pensaient que la présence de métaux aidait le gaz à refroidir et à s’assembler harmonieusement. Alors, comment justifier la symétrie parfaite de ce jet, là où on imaginait une naissance explosive et chaotique ? La formation de cette étoile ne remet-elle pas en cause les idées reçues sur les tout premiers astres de l’Univers, constitués uniquement d’hydrogène et d’hélium juste après le Big Bang ?
Pour Yu Cheng, qui a dirigé l’étude, cette observation est une première : jamais on n’avait vu un tel jet aussi « spectaculaire et ordonné » issu d’une étoile aussi massive et ce, dans cette partie de la Voie lactée où tout semblait contre un tel miracle. Et si, finalement, la naissance des géantes pouvait rester ordonnée, même là où la matière semble la moins propice à la coopération ?
Cette découverte, publiée dans The Astrophysical Journal, ouvre une nouvelle piste pour comprendre l’évolution galactique et la chimie primordiale de l’Univers. Le télescope Webb vient-il de mettre la main sur une relique vivante qui éclaire notre histoire cosmique, ou n’est-ce qu’un début d’enquête sur un chapitre encore largement inconnu de la formation des étoiles ?
Source : Mashable




