« Les exoplanètes, c’est un peu comme les crêpes : on rêve toujours qu’une soit habitable. » Autrement dit : sur les sept planètes caillouteuses qui tournent autour de l’étoile TRAPPIST-1, située à quarante années-lumière de chez nous — soit presque la banlieue, version galaxie — les espoirs de croiser une petite sœur de la Terre commencent à sentir le réchauffé.
La star du moment (au sens propre), c’est TRAPPIST-1e. Jusque-là, les scientifiques l’élisaient « Miss Probabilité de Vie 2024 » car elle réside pile dans la « zone habitable », ce délicat créneau spatial où les planètes ne sont ni trop grillées ni trop gelées. Seulement, petit coup de froid : les dernières analyses via le super-télescope spatial James Webb semblent indiquer que la planète aurait perdu son atmosphère originelle il y a des lustres, probablement soufflée par les colères radioactives de son étoile naine rouge.
Spoiler alert : tout espoir n’est pas perdu. TRAPPIST-1e pourrait avoir reconstitué un nouveau manteau gazeux, à la sauce effet de serre, suffisant pour garder de l’eau à son bord — peut-être sous la forme d’un océan mondial, ou du moins, d’une nappe qui clapote gentiment du côté qui fait toujours face à la lumière. Alors, oasis ou mirage intergalactique ? Mystère en suspens.
À des années-lumière de notre salon, les atmosphères jouent à cache-cache avec nos super télescopes !
L’histoire de TRAPPIST ressemble à une série Netflix entraînante : découverte il y a huit ans, diffusion régulière de nouveaux épisodes scientifiques, et toujours cette question qui tient en haleine. Deux nouvelles études publiées dans la revue Astrophysical Journal Letters viennent alimenter le suspense galactique. Spoiler bis : la voisine TRAPPIST-1d, elle aussi sur le banc de touche côté vie, ne remonte pas franchement le moral des chasseurs de mondes habitables.
Mais dans cette intrigue cosmique, on innove : les chercheurs utilisent une technique de détective appelée spectroscopie de transmission. En gros, quand la planète passe devant sa star, la lumière traverse — ou non — son éventuelle atmosphère. Chaque gaz absorbe des couleurs précises : de petits trous dans le spectre lumineux deviennent alors des empreintes digitales chimiques, façon Cluedo galactique. Problème, les taches solaires et autres caprices stellaires ne facilitent pas l’enquête… si, en plus, la lumière était moins timide.
Pour compliquer l’affaire, les chercheurs testent désormais une nouvelle stratégie : observer simultanément TRAPPIST-1e et sa cousine TRAPPIST-1b, qui elle, semble aussi nue qu’un caillou dans l’espace. En faisant passer les deux devant l’étoile en même temps, tout ce qu’on détecte chez les deux planètes viendrait probablement de la star… tout le reste, serait, peut-être, l’ambiance unique de TRAPPIST-1e.
La grande question posée par le télescope James Webb : est-ce que les étoiles naines rouges peuvent héberger des planètes atmosphériques ? Pour le savoir, la communauté planifie un audit astronomique massif sur plusieurs planètes rocheuses, en jonglant cette fois avec la méthode des « éclipses secondaires » histoire d’esquiver les pièges des humeurs stellaires.
Encore quelques années, quelques réglages et des montagnes de données à trier… Bref, pour tout dire, côté Monde Parfait, ce n’est pas demain la veille. Mais qui sait : parmi les cailloux, il y a parfois une pépite. Les scientifiques l’ont bien compris… et nous, on continue de rêver à la TRAPPIST-partie !
Source : Mashable




