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La Californie peut-elle réguler seule l’IA mondiale ?

La Californie est-elle en train de s’imposer comme le chef de file mondial de la régulation de l’intelligence artificielle ? Au petit matin, le Sénat californien a approuvé une loi phare sur la sûreté de l’IA, la SB 53, qui impose de nouvelles règles de transparence aux grandes entreprises du secteur. Que cache cette volonté de mettre à nu les laboratoires d’IA, et la Californie a-t-elle les moyens de contraindre les géants de la tech ?

La proposition de loi, portée par le sénateur Scott Wiener, entend rendre publics les protocoles de sûreté des laboratoires d’IA, offrir des protections aux lanceurs d’alerte et créer un « cloud public » (CalCompute) pour démocratiser l’accès à la puissance de calcul. Mais pourquoi la Californie se jette-t-elle à l’eau alors que ni les États-Unis, ni l’Union européenne n’ont à ce jour instauré de normes unifiées sur le sujet ? Est-ce vraiment le rôle d’un seul État de tailler la route à toute l’industrie mondiale ?

Ce texte débarque maintenant sur le bureau du gouverneur Gavin Newsom. Va-t-il apposer sa signature ou bien opposer son veto comme l’an passé sur un projet de loi encore plus ambitieux ? Newsom avait alors jugé la précédente mouture trop sévère, s’appliquant indistinctement à tous les modèles, sans tenir compte de leur finalité ou de leur niveau de risque. Cette fois, la proposition s’est nourrie des recommandations d’un panel d’experts mandaté par le gouverneur : suffit-il d’écouter les spécialistes pour trouver le juste équilibre entre innovation et sécurité ?

La Californie teste ses propres frontières démocratiques, tout en défiant le pouvoir législatif fédéral et les titans de la Silicon Valley.

Signe d’un compromis tardif, la loi a été modifiée pour ne pas faire peser les mêmes obligations sur tous : seules les entreprises générant plus de 500 millions de dollars de revenus annuels seront soumises à des exigences de rapports détaillés. Les autres se contenteront d’informations « de haut niveau ». Mais cela suffira-t-il à protéger la société des dérives d’une technologie en perpétuel mouvement ?

La fronde est immédiate : OpenAI, sans nommer la SB 53, met en garde contre les doublons de régulation, arguant qu’une conformité aux standards fédéraux ou européens devrait suffire. De leur côté, certains acteurs majeurs du capital-risque et du lobbying dénoncent la multiplication de législations locales qui menaceraient, selon eux, la libre circulation des biens et services à l’échelle nationale. Pourquoi tant de résistance et de crispations ? Ne s’agit-il que d’une question de lourdeur administrative ou bien les enjeux de pouvoir sont-ils bien plus profonds ?

Plus encore, Andreessen Horowitz dénonce une atteinte potentielle à la Constitution et pointe ce type de législation comme une des raisons de son soutien affiché à Donald Trump et à un projet d’interdire toute régulation des États pendant dix ans. Faut-il s’inquiéter d’un divorce entre la Californie pionnière et le reste du pays ? La politique prendrait-elle désormais le pas sur la technologie ?

Coup de théâtre néanmoins : la licorne Anthropic apporte, de façon inattendue, son soutien public au texte. Son cofondateur, Jack Clark, reconnaît certes préférer une norme fédérale, mais considère que la SB 53 trace une feuille de route inévitable pour la gouvernance de l’IA. Sommes-nous face à un tournant qui ferait jurisprudence, ou n’est-ce qu’une bataille de plus dans une guerre d’influence mondiale ? La Californie vient-elle d’ouvrir une boîte de Pandore que d’autres États — ou même pays — ne tarderont pas à déverrouiller ?

Alors, tandis que la planète attend la décision du gouverneur Newsom, une question s’impose : la Californie a-t-elle vraiment le pouvoir, et la légitimité, de façonner à elle seule l’avenir de l’intelligence artificielle ?

Source : Techcrunch

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