Comment garantir la sécurité de nos enfants sur Internet sans sacrifier leur droit à la vie privée, ni leur curiosité naturelle ? À l’heure où les tablettes et smartphones s’invitent de plus en plus tôt dans les mains des plus jeunes, la question taraude les parents. Mais existe-t-il une solution qui combine contrôle parental, respect de la vie privée, et apprentissage numérique ? C’est le défi que tente de relever Young Minds, une application britannique née des préoccupations d’une mère entrepreneure, Nino Dvalidze.
Qui est cette fondatrice qui place la sécurité numérique au cœur de son projet ? Nino Dvalidze, elle-même mère de deux enfants, explique que Young Minds découle de discussions fraternelles avec d’autres parents. Tous s’accordent : Internet est à la fois une opportunité éducative inégalée et une source d’inquiétude majeure. Comment laisser l’esprit des enfants s’aventurer et s’éveiller, tout en les prémunissant contre un océan de contenus inappropriés et de dangers sournois ?
Young Minds propose une double approche, avec une application pour les parents et une pour les enfants. L’application parentale donne accès à la gestion du temps d’écran, à des filtres de contenu et à des routines comme le « mode étude » ou le « mode détente », mais sans offrir une surveillance totale ou intrusive des communications des enfants. N’est-ce pas là une rupture avec la vision traditionnelle du contrôle parental, souvent accusé d’espionner plus que de protéger ?
La clé du succès réside-t-elle dans l’équilibre entre contrôle, autonomie et pédagogie numérique ?
L’innovation majeure de Young Minds repose sur l’utilisation de l’intelligence artificielle. Celle-ci analyse, sans stocker de données personnelles selon Dvalidze, les usages de l’enfant afin de bloquer ou signaler les contenus nuisibles. De plus, l’application ambitionne d’expliquer aux enfants pourquoi tel ou tel contenu a été restreint, leur permettant d’intégrer peu à peu des comportements responsables. Mais peut-on vraiment croire à une telle transparence, surtout à l’ère des scandales sur les données personnelles ?
L’application, actuellement disponible sur Android, s’invite bientôt sur iOS, malgré les limitations d’Apple quant à l’accès aux données inter-applications. Sur iOS, des « solutions de contournement » sont proposées, ce qui interroge forcément sur la pérennité et l’efficacité du modèle sur toutes les plateformes. Les parents utilisateurs sont-ils vraiment informés des différences selon le système d’exploitation ?
En donnant la possibilité de configurer des routines personnalisables selon les besoins de chaque famille – comme n’autoriser que les applications éducatives pendant le temps de travail, ou restreindre les distractions avant le coucher – Young Minds promet une solution souple et évolutive. Mais ces outils, aussi astucieux soient-ils, suffisent-ils à rétablir la confiance des parents envers le numérique, ou risquent-ils d’instaurer une nouvelle dépendance à la technologie ?
Au-delà des fonctionnalités, la promesse de la startup est aussi éducative : former les jeunes à naviguer par eux-mêmes dans le monde numérique, comprendre et anticiper les risques, avec le soutien de leurs parents. Young Minds vient-elle combler un vide ou créera-t-elle de nouvelles attentes irréalistes vis-à-vis du rôle des applications dans l’éducation des enfants ?
Si l’application compte séduire les familles soucieuses d’un Internet plus sûr, le véritable enjeu n’est-il pas de repenser, ensemble, ce que doit être une éducation numérique digne de ce nom ?
Source : Techcrunch




