« Les Américains ont inventé le rêve américain, mais ils n’avaient pas prévu d’y ajouter une taxe d’entrée. » Voilà un proverbe d’expat revisité qui risque de prendre un coup de vieux : Donald Trump vient d’annoncer que candidater à un visa H-1B coûtera désormais… 100 000 dollars ! Oui, ce n’est pas une faute de frappe. La note grimpe du doux prix de 215 dollars à celui d’une Porsche d’occasion.
Le visa H-1B, c’est la sésame officiel pour les cerveaux du monde entier désireux de venir coder, désassembler ou diagnostiquer sur le sol américain. Plafonné à 65 000 visas par an (hors petit bonus pour les diplômés de master), il a surtout permis d’attirer profusions d’ingénieurs, de médecins et autres doctorants au pays des burgers et de la Silicon Valley. La raison affichée par la Maison-Blanche ? Lutter contre « l’abus généralisé du programme » qui, selon eux, mettrait les travailleurs américains sur la touche. On note que le pourcentage d’informaticiens en H-1B serait passé de 32% à… plus de 65% ! Et le chômage chez les jeunes diplômés en informatique tutoie les 6%.
Autant dire que la nouvelle a fait l’effet d’une capsule SpaceX foirée du côté de la tech californienne. Car, fun fact : Elon Musk, qui a d’ailleurs menacé sur X de « partir en guerre » sur ce dossier, est arrivé via un H-1B ! N’oublions pas Mike Krieger (ex-cofondateur d’Instagram et aujourd’hui chez Anthropic), passé aussi par cette filière. Silicon Valley doit (littéralement) son ADN international à l’ouverture du programme.
Quand la porte d’entrée dans la tech américaine devient un péage, autant prévoir les embouteillages… ailleurs !
La National Venture Capital Association (NVCA) s’inquiète pour ses futures pépites : « Le H-1B, ce n’est pas parfait, mais c’est un passage obligé pour la future génération de créateurs de licornes. » Car, oui, pour transformer une idée brillante en licorne cotée, il vaut mieux avoir bossé quelques années sous visa employeur avant d’espérer fonder sa startup… Le hic, c’est que les procédures sont tellement kafkaïennes que Krieger a failli lâcher Instagram avant même de poster sa première photo. (Hashtag #ironieAdministrative.)
Dans la foulée, panique chez les géants du secteur : Amazon, Google, Microsoft recommandent à leurs employés en H-1B de rester sagement au pays de l’Oncle Sam, histoire d’éviter le grand exil forcé. Certains chefs d’entreprise voient déjà le défilé des talents filer vers le Canada, l’Europe ou même… Paris. Avouez, ça ferait bizarre de voir la prochaine révolution IA naître sur le canal Saint-Martin.
Mais attention, derrière l’augmentation bruisse une promesse de flexibilité : des exemptions sont possibles au cas par cas pour « intérêt national ». Traduction : si vous comptez sauver le monde, inventer l’antivirus ultime, ou simplement rapporter beaucoup de dollars, l’Amérique pourrait (peut-être) vous laisser entrer. Petit bonus, le ministère du Travail va aussi revoir le barème des salaires pour éviter que les employeurs n’utilisent le H-1B comme rabais salarial XXL.
Reste à savoir si cette nouvelle barrière va vraiment protéger les emplois, ou simplement pousser l’innovation à s’inventer… ailleurs. Bref, tout ce micmac, et d’un coup, le rêve américain a un sérieux coût d’entrée. Gare à ce qu’il ne devienne pas le cauchemar du recrutement mondial !
Pour finir, on ne se fait pas d’illusions : si l’Amérique fermait ses portes à ses têtes bien faites, elle risquerait surtout de perdre la clé… USB de son génie.
Source : Techcrunch




