Apple est-elle vraiment le maître incontesté de l’innovation, ou la multinationale mord-elle à pleines dents dans les brevets de ses concurrents ? Tout récemment, un jury fédéral californien a condamné la firme à verser 634 millions de dollars à Masimo, entreprise spécialisée en dispositifs médicaux, pour violation de brevet sur une technologie de surveillance de l’oxygène sanguin. Mais comment en est-on arrivé à une telle condamnation ? Et surtout, pourquoi l’affaire suscite-t-elle autant de polarisation dans l’univers tech ?
Selon le verdict, les fonctions de mode entraînement et de notification de fréquence cardiaque de l’Apple Watch reprennent des éléments protégés par le brevet de Masimo. Cela soulève une question brûlante : Apple, champion autoproclamé de l’innovation, aurait-il « emprunté » une technologie médicale décisive sans permission ? D’un côté, Masimo crie victoire à la justice et clame défendre son droit fondamental à l’innovation, tandis qu’Apple voit dans cette sentence une aberration et promet d’aller en appel. Peut-on croire que des géants comme Apple sortent souvent indemnes de telles affaires… ou les règles changent-elles ?
Apple incendie Masimo dans son propre communiqué, rappelant que la société de médical ne vend rien aux consommateurs classiques et que, sur vingt-cinq brevets attaqués, la plupart auraient été invalidés. Ici, une autre question s’impose : Masimo est-il simplement un trublion procédurier, ou bien un David judiciaire déterminé à faire respecter le fruit de son invention — une technologie, certes, « ancienne », dont le brevet est d’ailleurs expiré depuis 2022 ?
Derrière les chiffres se joue-t-il une guerre souterraine sur le contrôle des innovations vitales pour notre santé ?
Le conflit ne se limite pas à la salle d’audience. Le bras de fer continue depuis des années : Masimo accuse non seulement Apple de vol de technologie, mais aussi d’avoir « débauché » des employés clés, dont leur directeur médical. L’affaire s’est même transportée devant la Commission du Commerce International américaine, qui a temporairement interdit l’importation d’Apple Watch équipées de la fameuse mesure d’oxygène sanguin. Quelles tensions se cachent réellement derrière le doux visage des montres connectées ?
Apple, fidèle à sa réputation d’adaptabilité, a riposté en lançant une nouvelle version du système de mesure, censée contourner l’interdiction : désormais, ce n’est plus la montre mais l’iPhone connecté qui effectue les calculs. Masimo, décidément inflexible, attaque désormais les autorités douanières américaines pour avoir validé cette astuce, pendant qu’Apple multiplie les recours en justice pour faire annuler le blocus sur ses imports. L’innovation est-elle réduite à un jeu du chat et de la souris entre avocats ?
Ce n’est pas tout : Apple n’a pas hésité à contre-attaquer, traînant, à son tour, Masimo devant la justice pour plagiat de design — mais n’a récupéré que la somme symbolique de 250 dollars. Faut-il voir la décision du jury comme une piqûre d’épingle ou le symbole d’une bataille perdue d’avance pour les petits face aux géants, même lorsque l’on parle de technologies qui sauvent des vies ?
Au final, à travers ce tumulte judiciaire, on s’interroge : la véritable innovation technologique peut-elle encore émerger dans un climat où propriété intellectuelle, intérêts financiers et protection des brevets s’entrechoquent ? Ou sommes-nous à l’aube d’une nouvelle guerre froide de la tech où chaque innovation est un terrain miné judiciaire, et chaque victoire, un simple répit avant l’assaut suivant ?
Source : Techcrunch




