Qui aurait cru que notre rapport à la technologie finirait par ressembler à une dystopie où les robots font nos courses, scénarisent nos chats et, pourquoi pas, battent la bourse à plate couture ? Cette semaine, l’écosystème tech nous jette à la figure un futur où l’intelligence artificielle n’est plus ce compagnon discret, mais un bulldozer décisionnel qui infiltre chaque interstice de nos désirs, de nos loisirs, et même de nos pertes bancaires. De Google qui délègue notre shopping à des agents IA sur-vitaminés jusqu’à Rocket.new qui promet d’usiner, du fond de l’Inde, chaque application comme on lance des dosettes de café, le numérique ne s’adresse plus à nous : il nous digère.
Dans cette fresque de l’automatisation, l’humain semble bien près de devenir un dieu fauché devant son arche bourrée d’algorithmes. Les assistants IA négocient vos réductions, Sora génère vos apparitions holographiques dans des aventures dont vous n’oseriez même pas rêver (ou avouer), et Canva orchestre le ballet créatif où chaque post est cousu main par une IA bourrée de calques plus truculents que les couches d’oignon d’un conte russe. Le storytelling du XXIe siècle n’a plus seulement des pixels à vendre, il a des droits d’auteur, des procès de noms, et des prompts addictifs à refiler comme la came la plus douce.
Mais ce tableau n’est pas sans arrière-goût : quand la bourse va mal, on découvre subitement que les IA ne sont pas plus infaillibles que leurs créateurs, sinon plus anxiogènes (apprenez-le ici): la plus-value algorithmique vacille, les investisseurs tremblent comme devant un bug de prod un lundi matin, et voilà que nos croyances techno-tribales s’évaporent en même temps que les actions de Palantir. Les “problèmes humains” deviennent un standard API contre lequel ni Google ni Wall Street n’ont encore trouvé de prompt miracle.
Désormais, nous vivons sur une planète où l’innovation n’obéit plus à la gravité, mais à des protocoles et des boucles de rétroaction économique — quitte à s’y perdre.
Dans ce monde de promesses satellitaires, l’iPhone rit dans l’espace (Apple vise la Lune), Google veut régir notre panier, Sora rêve de transformer nos existences en comédies deepfakées, Rocket.new abat le mur du dev et Canva recycle la créativité pour la rendre monétisable d’un clic. La connexion universelle – au propre comme au figuré – est devenue norme, et derrière l’ergonomie feutrée de l’expérience utilisateur, c’est la silhouette d’une intelligence collective qui s’esquisse, mais dont le maître d’orchestre reste insaisissable.
L’absurdité n’est donc plus dans l’échec du pixel où le bug surprise : elle est dans cette confiance aveugle, dans cette automatisation joyeusement déléguée de nos impulsions de consommateur, de créateur ou d’investisseur. Peut-être qu’un jour, la seule singularité qui restera ne sera plus mathématique ou technologique… mais parfaitement humaine : savoir quand dire stop à l’IA qui nous propose, analyse, commande, dessine et même rêve à notre place.



