Le marché déjà saturé des outils d’IA générant du code peut-il accueillir encore un nouveau venu d’envergure ? Face à la domination de solutions comme GitHub Copilot, Gemini Code Assist ou encore Cursor, Amazon croit-il vraiment que son propre outil pourra séduire suffisamment de startups ? Faut-il miser sur la générosité pour s’imposer durablement auprès des créateurs d’entreprise ?
Amazon semble vouloir répondre à ces interrogations à sa façon, en jouant une carte familière : celle de la gratuité. L’annonce a été faite en grande pompe lors de la conférence re:Invent 2025 : pendant un an, les startups jugées éligibles bénéficieront de l’accès gratuit à Kiro Pro+, la solution concurrente développée par le géant du cloud. Jusqu’à cent utilisateurs pourront tester sans frais cette nouvelle intelligence artificielle, pour peu que la startup décroche le précieux sésame sous la forme d’un crédit gratuit.
Mais qui pourra véritablement profiter de cette largesse ? Derrière le discours bien rodé, les conditions d’accès restreignent le cercle des bénéficiaires. Seules les startups américaines ayant levé des fonds – du pré-amorçage (pre-seed) jusqu’à la série B – sont concernées. Pourquoi exclure, par exemple, la France, l’Allemagne ou l’Italie ? Les fondateurs européens apprécieront-ils d’être mis de côté alors que l’innovation n’a pas de frontières ? À cela s’ajoute l’exigence de déposer un dossier avant le 31 décembre, laissant présager une course contre la montre pour les jeunes pousses technologiques.
Ce cadeau n’est-il finalement qu’un moyen habile d’enfermer les startups dans l’écosystème AWS avant qu’elles n’explorent la concurrence ?
Face à ces restrictions, quelle stratégie Amazon poursuit-il réellement ? S’agit-il de conquérir des parts de marché en s’appuyant sur la notoriété de son cloud, ou bien d’empêcher les jeunes entreprises de tenter l’aventure avec d’autres acteurs de l’IA générative ? Après tout, l’histoire de la tech fourmille d’exemples où la gratuité a servi de cheval de Troie pour imposer une solution jusqu’à la rendre incontournable. Qui profitera le plus de ce coup marketing, les jeunes startups ou Amazon lui-même ?
Enfin, cette initiative pose une question de fond : peut-on véritablement croire en l’égalité des chances dans la grande course à l’intelligence artificielle, lorsque l’accès à la ressource dépend avant tout de critères géographiques et financiers ? Et si ces nouveaux outils n’étaient qu’un levier de plus pour renforcer la domination des géants américains sur un secteur déjà ultra-concentré ?
Alors que l’intelligence artificielle redéfinit la manière de coder et d’innover, les choix des startups aujourd’hui dicteront-ils la diversité des solutions de demain ?
Source : Techcrunch




