Bienvenue dans 2025, l’année où la tech s’amuse à repousser les limites du réel et du raisonnable, parfois jusqu’à l’absurde, souvent jusqu’à la crise d’angoisse existentielle. Il y a vingt-cinq ans, Ghost in the Shell flairait déjà la paranoïa numérique, imaginant un monde où nos enceintes connectées pleurent si on oublie de renouveler leur abonnement premium. Aujourd’hui, ce n’est plus de la science-fiction : notre quotidien, entre piratage industriel et IA hystérique, ressemble à s’y méprendre au scénario anxiogène de Shirow, mais en moins stylé – et avec moins de synthwave en fond sonore.
Le marionnettiste, c’est désormais « Landfall », ce spyware ciblé sur Samsung Galaxy qui détourne nos smartphones comme autant de pantins high-tech, pendant que, sur d’autres réseaux, une IA ajuste en direct le prix de vos céréales bio sur Instacart, selon le degré d’angoisse que vous affichez sur Instagram. La boucle est bouclée : on change de modèle Galaxy comme d’avatar sur YouTube, mais les hackers et les algorithmes, eux, restent bien tapis dans l’ombre — pas besoin de s’appeler Puppet Master pour manipuler le cours du quotidien.
Cette culture du flou et de la fuite, on la retrouve aussi dans les orgies capitalistiques du secteur AI/ERP, où des start-ups anonymes lèvent des millions en promettant la transparence pendant que leur chiffre d’affaires réel se cache comme une backdoor russe dans un firmware. C’est la tendance du « kingmaking » : à force de trop arroser la pelouse des jeunes pousses, les investisseurs espèrent qu’un magma d’irrationalité financière engendrera la prochaine licorne. Mais la réelle audace, aujourd’hui, ne consiste plus à lever des fonds, mais à ne pas être la prochaine victime d’une IA déboussolée ou d’un bug tarifaire. Rassurez-vous, les juges américains veillent : leur dernier mot d’ordre, pour l’IA, c’est audits, crash-tests psychologiques, et avis parental obligatoire avant tout lancement à grande échelle (même pour des chatbots qui réclament un hug).
Sous couvert de progrès, la technologie sème des frontières floues entre contrôle, responsabilité et illusion de la sécurité.
Sur le terrain, YouTube joue la partition douce avec sa grande réorg et sa porte de sortie dorée, fusionnant équipes et talents comme une startup de fusion nucléaire métaphorique, sans (encore) balancer tout le monde par-dessus bord. Seul hic, derrière la mélodie rassurante et les chiffres de la pub qui gonflent, on sent pointer la sourde inquiétude des coupes futures. Pendant ce temps, le nucléaire, lui, redevient bankable grâce à l’infusion continue de millions, la « fusion commerciale » se rêvant encore à trente ans – comme l’alignement d’une IA non biaisée et sans déraillement.
Le cœur de cette histoire : la technologie, loin d’apporter des réponses, sublime notre tendance à l’auto-hypnose — nous promettant tout, tout de suite, et parfois l’inverse en sous-main. Reste à l’utilisateur de décider s’il endosse le rôle de pion, de cobaye, de roi ou de marionnette. La frontière n’a jamais été aussi perméable, ni notre monde aussi malicieux à brouiller la distinction entre anticipation, manipulation et illusion de contrôle.




