Pourquoi l’intelligence artificielle attire-t-elle aujourd’hui toutes les convoitises dans le monde du capital-risque ? Cette question a plané au-dessus du sommet TechCrunch Disrupt, où investisseurs et experts n’ont pas caché leur obsession collective pour l’IA. Mais au fond, qu’attendent vraiment les investisseurs, et comment les start-ups peuvent-elles encore sortir du lot sur un marché devenu ultra-compétitif et saturé d’innovations ?
Nina Achadjian d’Index Ventures, Jerry Chen de Greylock et Peter Deng de Felicis s’accordent : l’écosystème bouillonne et la croissance des entreprises innovantes n’a jamais été aussi rapide. Pourtant, derrière cet engouement, une autre réalité se dessine. Le terrain de jeu évolue si vite que la capacité des fondateurs à résister aux chocs et à s’adapter devient le critère numéro un. Pourquoi ? Parce qu’à trop vouloir surfer sur la vague de l’IA, beaucoup risquent de n’être que des mirages, dopés par une fausse illusion de « product market fit » causée par l’engouement temporaire des grands groupes pour toutes les nouveautés à la mode.
Les investisseurs multiplient donc les questions incisives. Qui sont ces entrepreneurs capables de pivoter au moment crucial, lorsque le vent tourne ? Pourquoi certains modèles survivent-ils tandis que d’autres sombrent ? Achadjian le dit sans faux semblant : « Des centaines de start-ups échouent. La résilience, c’est ce qui compte. » Mais est-ce vraiment suffisant face à la multiplication des solutions similaires lancées chaque jour ?
Le vrai défi ne serait-il pas de prouver qu’on ne sera pas simplement écrasé ou remplacé par les géants de l’IA ?
Peter Deng, ex-OpenAI, ajoute une dimension stratégique : disposer d’un « data flywheel » unique, un cycle vertueux de données difficilement accessible à la concurrence, c’est la clé pour s’imposer. Mais chaque fondateur devrait pouvoir répondre à une question cruciale : pourquoi votre produit ne serait-il pas simplement ajouté comme une fonctionnalité au sein des modèles d’IA dominants ? La différenciation et la défense du modèle économique deviennent des sujets brûlants lors des levées de fonds.
Là où l’IA impressionne vraiment aujourd’hui, c’est dans trois domaines principaux selon Jerry Chen : les applications de chat, le codage et le service client. Mais la révolution ne fait que commencer, soulignent-ils : de nouvelles places de marché propulsées par l’IA émergent, la robotique trouve un second souffle, et les logiciels SaaS pourraient bien être les prochains grands chamboulés.
Mais qu’en est-il des secteurs moins « sexy » ? Achadjian suggère de s’intéresser aux procédés manuels et papier qui subsistent dans l’industrie ou la logistique : un gisement d’opportunités pour la digitalisation, où l’IA pourrait à terme s’imposer également. Encore faut-il détecter, avant les autres, ces segments sous-exploités et prêts à être automatisés.
Finalement, dans ce jeu effréné où tout le monde cherche la prochaine pépite dopée à l’IA, une question se pose : les fondateurs sauront-ils inventer de véritables innovations de rupture, ou allons-nous assister à l’éclatement d’une bulle bardée de solutions vite obsolètes ?
Source : Techcrunch
