La quête de l’amour sur Internet va-t-elle basculer dans une nouvelle ère avec l’arrivée massive de l’intelligence artificielle ? Cette semaine, Meta a jeté un pavé dans la mare en annonçant l’intégration d’un assistant IA à Facebook Dating. Est-ce la clé pour humaniser enfin les rencontres numériques, ou un pas de plus vers la déshumanisation des échanges ?
En proposant un chatbot capable de suggérer des profils ou de personnaliser le vôtre selon vos désirs (par exemple : “trouve-moi une développeuse à Brooklyn”), Meta promet un matching plus pointu. Mais à qui profite vraiment cet algorithme ? Cherchons-nous un véritable partenaire ou bien une version idéalisée fabriquée par la machine, qui connaît nos goûts avant même que nous n’ayons cliqué ?
Mais Meta ne s’arrête pas là. Pour combattre la “swipe fatigue”, ce phénomène d’épuisement devant l’avalanche de profils, la plateforme lance la fonction Meet Cute : chaque semaine, une “surprise” sélectionnée par l’algorithme. Cherche-t-on vraiment à faire redécouvrir la magie de la rencontre fortuite ou à garder captifs des utilisateurs lassés par le ritualisme du swipe ? D’autant que, malgré une croissance de 10% chez les 18-29 ans, Facebook Dating reste petit joueur face aux géants comme Tinder (50 millions d’utilisateurs quotidiens), ou Hinge (10 millions).
À l’heure où toutes les applis cherchent le salut dans l’IA, l’espoir de réenchanter la rencontre est-il bien réel, ou n’assiste-t-on qu’à une nouvelle compétition algorithmique ?
Depuis un an, l’IA s’impose comme la norme dans les applis de rencontres, des pionnières comme Tinder et Hinge, jusqu’aux outsiders comme Sitch, qui vendent l’IA comme LA solution pour faciliter les connexions. Match Group — propriétaire de Tinder, Hinge et OkCupid — a investi plus de 20 millions de dollars dans l’IA, en partenariat avec OpenAI, tout en faisant face à de lourdes difficultés financières (le groupe a perdu près de 70% de sa valeur en cinq ans). L’investissement massif dans l’automatisation du matching cache-t-il une panique face à la désertion des utilisateurs, ou s’agit-il d’une réelle tentative pour améliorer la qualité des relations en ligne ?
Les applications rivalisent d’ingéniosité : Tinder propose désormais un outil d’IA qui choisit vos meilleures photos ; Hinge permet de peaufiner ses réponses aux incitations grâce à une IA “coach”. Pourtant, le doute persiste : plus la technologie s’immisce, moins la spontanéité semble avoir sa place. À force d’optimiser nos profils, ne risquons-nous pas de tous finir par nous ressembler ?
Bumble n’est pas en reste, et va plus loin encore. Whitney Wolfe Herd, la fondatrice, imagine déjà que demain, des concierges IA pourraient aller à des rendez-vous à votre place… entre IA ! Flirtent-ils ainsi avec l’abandon pur et simple de la rencontre humaine au profit du “dating” entre robots ?
Les utilisateurs veulent-ils vraiment que l’IA prenne la main sur leur vie amoureuse ? Ou est-ce l’industrie qui, à court de solutions miracles face à la lassitude et la volatilité des célibataires, joue son va-tout sur l’automatisation ? L’amour digital a-t-il encore une part de mystère ou assistons-nous à la victoire de l’ultra-optimisation ? Et finalement : jusqu’où sommes-nous prêts à déléguer nos émotions à la machine ?
Source : Techcrunch




