Pourquoi avons-nous l’impression que revenir à la télévision payante d’autrefois était devenu inévitable ? Est-ce la faute à la multiplication des abonnements, ou aux hausses continues des tarifs par les géants du streaming ? Ces questions préoccupent de plus en plus d’abonnés, exaspérés par des plateformes qui, après avoir promis d’en finir avec les vieilles habitudes du câble, semblent finalement répliquer les mêmes travers.
Les prix de Netflix, Disney+, et autres plateformes augmentent à un rythme soutenu. Si bien qu’additionner tous les abonnements incontournables revient aujourd’hui à payer une facture aussi salée qu’un forfait câblé traditionnel. Mais les services de streaming ont-ils encore un argument pour se distinguer ? S’il existe un avantage majeur, c’est bien l’absence de contrat : la possibilité de s’abonner, de profiter d’un bon plan ponctuel, puis de résilier sans frais, dès qu’on a tout visionné… Ou du moins, en théorie.
Faut-il alors adopter une stratégie de « nomadisme numérique », en chassant les meilleures promotions et en annulant dès qu’elles expirent ? Les guides d’actualité tech encouragent cela, conseillant de surveiller les offres, surtout à l’approche du Black Friday ou lors d’événements annuels. Pourtant, les vraies bonnes affaires restent rares, et souvent réservées aux formules basiques, avec publicités. Quand tombe une promotion sur une offre sans pub ? Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
Les plateformes de streaming misent sur la volatilité de leurs clients, mais sont-elles vraiment gagnantes dans cette nouvelle course aux prix ?
Au moment d’écrire ces lignes, Paramount+ casse son prix à 2 dollars pour deux mois, y compris sur la version Premium habituellement sans publicités. Une aubaine notable… mais temporaire, à saisir avant le 13 juillet. De son côté, Audible brade trois mois à 3 dollars, et Spotify offre son Premium un mois gratuitement aux nouveaux abonnés, à condition de ne pas oublier d’annuler avant l’auto-renouvellement. Faut-il alors changer sans cesse de service pour amortir la hausse globale ? Cette stratégie oblige-t-elle à une vigilance constante, sous peine de se retrouver piégé dans des reconductions automatiques ?
Les offres s’enchaînent, créant une atmosphère d’instabilité : Fubo joue la carte du sport avec 20 dollars d’économie sur son forfait mensuel, Sling promet 50% de réduction le premier mois, YouTube TV offre trois semaines gratuites avant une facturation préférentielle de 120 dollars pour deux mois… La diversité des promotions donne le tournis et révèle une vérité : la guerre du streaming s’est déplacée du contenu au terrain du marketing éclair.
En tant qu’observateurs, ne voit-on pas émerger un modèle « cannibale », où les plateformes tentent de séduire le consommateur volage par la ristourne, sans fidélisation véritable ? Les seules vraies économies passent alors par une organisation aux petits oignons : savoir résilier, anticiper la fin des essais gratuits et jongler avec les services selon ses envies du moment. Mais tout le monde a-t-il la patience – ou le temps – de surveiller à ce point ses abonnements ?
Le streaming, autrefois symbole de facilité et d’innovation, est-il en train de devenir un piège à dépenses répétées, où la liberté n’a de réalité que pour ceux qui savent scruter les bonnes affaires et lire les petits caractères ? Si attraper la meilleure promo semble être le sport favori de l’abonné moderne, une question persiste : jusqu’où les plateformes pourront-elles tirer sur la corde sans perdre définitivement la confiance de leurs clients ?
Source : Engadget
