Comment un monde exoplanétaire tout droit sorti du berceau peut-il déjà frôler l’anéantissement sous l’effet de son étoile tutélaire ? À peine découvert, TOI 1227b, exoplanète géante située à 330 années-lumière de la Terre, intrigue les astronomes. Peut-on vraiment espérer percer le secret de la formation planétaire — alors qu’une atmosphère se désagrège sous nos yeux ?
TOI 1227b aurait tout d’un Jupiter pour bébé, mais surprise : il est bien plus léger. Ressemblerait-il alors plutôt à une Neptune gonflée à bloc, condamnée à perdre ses couches gazeuses en un souffle stellaire ? En cause, une étoile hôte déchaînée, projetant avec violence des rayons X capables de lui arracher un milliard de kilos d’atmosphère chaque seconde. Faut-il imaginer une Terre vaporisée en deux siècles ? L’équipe internationale de chercheurs, utilisant l’observatoire à rayons X Chandra de la NASA, en est persuadée : le spectacle est féroce.
Attila Varga, doctorant à l’Institut de Technologie de Rochester, évoque « l’inconcevable » pour décrire cette disparition accélérée. Comment protéger une planète lorsqu’elle se trouve si proche de son étoile qu’aucune parade n’est possible face à une telle agression énergétique ? Cette plongée dans la jeunesse tumultueuse des exoplanètes offre-t-elle un aperçu inédit de leur évolution, et de leur survie même ?
L’avenir de TOI 1227b semble écrit d’avance : inexorablement exposé, inexorablement amputé.
Pourtant, cette exoplanète perdante n’est pas un cas isolé. Alors que la liste des mondes lointains dépasse aujourd’hui les 5900 objets confirmés, l’essentiel d’entre eux tourne autour de naines rouges : omniprésentes dans la Voie Lactée, mais dévastatrices pour leurs satellites. Peut-on espérer que ces mondes tiennent le coup face à la météo infernale de leur astre ? À seulement 8 millions d’années, TOI 1227b est un témoin clé, alors même que la quête actuelle vise à comprendre si une atmosphère, cet indispensable « doudou cosmique » pour la vie, peut subsister.
Les astronomes s’accordent : la présence d’une atmosphère est indispensable à l’habitabilité. Est-ce un fantasme d’imaginer des océans et une stabilisation thermique sur un tel enfer ? Le télescope spatial James Webb mène désormais l’enquête auprès d’une douzaine de mondes similaires, ciblant spécifiquement ceux orbitant près de naines rouges. La prochaine décennie fournira-t-elle la preuve qu’un monde proche de son étoile peut encore retenir un souffle de vie sous sa carapace gazeuse ?
Pour l’instant, TOI 1227b offre une vision très sombre de ce destin. Non seulement son orbite extrêmement rapprochée le condamne à une exposition permanente, mais il pourrait perdre jusqu’à 10% de sa masse totale sur un milliard d’années. La plupart des planètes moyennes – entre 1,5 et 2 fois la taille de la Terre – ont-elles simplement été érodées ainsi, sabrées par la radiation ?
Le temps presse pour comprendre la composition de l’atmosphère de TOI 1227b, dont les jours sont comptés. Que découvrirons-nous grâce aux prochains relevés du télescope James Webb ? L’avenir des planètes naines rouges est-il d’être condamnées à l’oubli, ou réserve-t-il des surprises inattendues ?
Et en fin de compte, ne devrions-nous pas repenser notre vision de la vie ailleurs dans l’univers, si la plupart des mondes naissants sont ainsi voués à l’évaporation ?
Source : Mashable




