La France est-elle sur le point de dévoiler une nouvelle ère dans la surveillance des plateformes sociales mondiales ? Depuis le 11 juillet, une enquête au ton grave secoue le paysage numérique : X (anciennement Twitter) est soupçonné de manipulation algorithmique et d’extraction frauduleuse de données. Les autorités françaises, qui qualifient l’affaire d’ »organisation criminelle », cherchent-elles à mettre au pas un géant américain ou s’agit-il d’une véritable menace pour les processus démocratiques comme les élections ?
Pourquoi la justice s’intéresse-t-elle précisément à X ? Après des signalements datant de janvier, les procureurs français enquêtent désormais sur d’éventuelles interférences électorales. Mais sur quoi se basent-ils ? Les enquêteurs réclament l’accès à l’algorithme de recommandation de X ainsi qu’aux données en temps réel de tous les utilisateurs. Y a-t-il eu manipulation en faveur d’intérêts étrangers ou s’agit-il d’un procédé normal de modération des contenus ?
Les experts mandatés par Paris ne passent pas inaperçus. L’un d’entre eux, David Chavalarias, directeur de l’Institut des systèmes complexes (ISC-PIF), mène la campagne « Escape X » qui scrute l’influence de la plateforme. Or, le gouvernement va plus loin en s’entourant aussi de Maziyar Panahi, ingénieur en IA, dont les recherches convergent vers une « hostilité ouverte » selon X. Est-il possible de rester impartial avec de tels intervenants ?
Face à des accusations de manipulation, la frontière entre justice et croisade politique se brouille.
X, de son côté, ne cache pas son indignation et accuse la France de mener une enquête politique aux conséquences dévastatrices pour la confidentialité et la liberté d’expression de ses utilisateurs. D’ailleurs, la plateforme refuse catégoriquement de fournir les accès réclamés. Ce refus signe-t-il la crainte d’une chasse aux sorcières, ou la volonté de défendre ses principes fondateurs ?
Dans un communiqué acerbe, le réseau social piloté par Elon Musk dénonce le travail du parlementaire Éric Bothorel, à l’origine de l’enquête. Pour X, ces accusations de manipulation algorithmique pour « interférer avec des intérêts étrangers » sont tout simplement fausses. Mais la justice, elle, doit-elle attendre des preuves concrètes avant de parler d’ »organisation criminelle » ou agit-elle pour prévenir d’éventuels périls numériques ?
Le bras de fer entre Paris et X pose la question cruciale du contrôle démocratique des algorithmes des grandes plateformes sociales. Doit-on ouvrir la boîte noire algorithmique des réseaux à l’État, au risque de fragiliser la protection des données et la liberté d’expression ? Qui garde vraiment les clefs du débat public à l’ère des machines apprenantes et des soupçons de manipulation électorale ?
Source : Engadget




