Peut-on vraiment parler de révolution silencieuse sur nos routes lorsque des géants de la mobilité comme Lyft annoncent, à pas feutrés mais résolus, l’intégration prochaine de navettes autonomes à grande échelle? Que cache cette volonté renouvelée de conquérir les villes américaines – et peut-être au-delà – grâce à la technologie sans conducteur ?
Lyft vient d’annoncer qu’à partir de fin 2026, son réseau accueillera des navettes électriques développées par le groupe autrichien Benteler, opérant sous la marque Holon. Ce choix est-il une réponse directe à l’accélération des initiatives concurrentes, ou une vision longuement mûrie pour s’imposer dans le paysage urbain du transport de demain? Les détails de l’annonce laissent songeur : ces véhicules, capables de transporter jusqu’à quinze passagers sans volant ni pédales, seront d’abord déployés en partenariat avec des villes américaines et des aéroports. Mais Lyft n’écarte pas l’idée d’un déploiement bien au-delà…
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la guerre des robotaxis fait rage. Face à Lyft, Uber multiplie quotidiennement les partenariats: Waymo, WeRide, Baidu, Pony AI, May Mobility, Volkswagen, Wayve, sans oublier les récents accords avec Lucid Motors et Nuro. La bataille pour la suprématie sur le créneau du transport autonome s’annonce féroce. La question se pose : Lyft n’arrive-t-il pas trop tard, ou bien joue-t-il la carte de la prudence technologique en attendant que le marché et la législation soient plus stables?
Les choix de partenaires et la course à l’innovation révèlent une partie d’échecs mondiale pour devenir leader du transport sans conducteur.
Pourtant, malgré des années de tests et des annonces régulières, Lyft n’a pas encore véritablement intégré les véhicules autonomes à sa flotte. L’entreprise compte prochainement lancer, à Atlanta, des véhicules May Mobility, et continue de collaborer avec Mobileye, le fournisseur de technologie d’autonomie derrière les navettes Holon. Mais s’agit-il de stratégies complémentaires ou de tentatives désordonnées face à l’avancée inexorable d’Uber?
Mobileye semble jouer un rôle clé, tout en restant à la périphérie : sa technologie propulse les navettes Holon, mais selon Lyft, chaque partenariat est indépendant. La multiplication des alliances souligne-t-elle la difficulté d’unifier la chaîne de valeur du véhicule autonome, ou s’agit-il d’une fragmentation stratégique pour garder la main sur les négociations futures?
Au-delà du spectacle technologique offert par cette course effrénée, quelles sont les réelles implications pour les usagers et les villes? Les questions de sécurité, d’acceptabilité sociale, d’emploi et même de coût restent, pour beaucoup, irrésolues. 2026 marquera-t-il enfin le vrai virage du transport autonome, ou assisterons-nous à une nouvelle série de tests grandeur nature réservée à une poignée d’utilisateurs privilégiés?
Finalement, dans cette rivalité sans relâche entre pionniers de la mobilité, qui dictera vraiment le futur de nos déplacements quotidiens : la technologie, la capacité de négociation, ou la confiance des villes et passagers?
Source : Techcrunch




