Comment un milliardaire peut-il acquérir une entreprise mondiale, licencier les têtes dirigeantes et refuser de leur payer ce qui leur revient de droit ? C’est la question qui intrigue encore la Silicon Valley alors qu’Elon Musk vient d’accepter de régler un procès de 128 millions de dollars avec quatre anciens dirigeants de Twitter, limogés dès sa prise de contrôle en 2022. Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière cette saga judiciaire, et à quoi peut-on s’attendre désormais ?
Le licenciement brutal de Parag Agrawal (ex-PDG), Ned Segal (ex-directeur financier), Sean Edgett et Vijaya Gadde (anciens hauts juristes) avait fait la une des journaux. Musk, fraîchement propriétaire, aurait refusé de leur verser toute indemnité, en représailles, selon eux, à leur volonté de le forcer à honorer son offre d’achat à 44 milliards de dollars alors qu’il tentait de se retirer. La tension était telle qu’on retrouve dans la plainte une déclaration tirée de la biographie de Walter Isaacson : Musk aurait alors promis de « traquer chacun d’eux jusqu’à leur dernier souffle ». Peut-on imaginer plus grande hostilité dans le monde des affaires high-tech ?
Mais la récente officialisation d’un accord, dont les détails restent secrets, apporte-t-elle une vraie résolution ou seulement une pause dans une série de conflits à venir ? En l’absence d’informations sur les conditions du règlement, certains analystes se demandent : Musk a-t-il finalement été contraint par la justice, ou s’agit-il d’un geste calculé pour calmer l’incendie médiatique et juridique qui menace son empire numérique ?
La bataille juridique autour de Twitter n’est qu’un symptôme d’une gestion contestée du pouvoir et de l’argent à la tête des géants de la tech.
Car Musk en a fait sa spécialité : multiplier les licenciements et les procédures judiciaires induites. Ces quatre dirigeants ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Récemment, il a également transigé dans une « class action » intentée par quelque 6 000 ex-salariés de Twitter, dont la plupart affirment n’avoir reçu qu’une fraction de leur indemnité – quand ils en touchaient une. Cela dessine-t-il un nouveau mode de gestion des ressources humaines dans les grandes entreprises de la tech ou assiste-t-on au contraire à une résistance menée par les anciens cadres face à des méthodes jugées brutales ?
Au-delà du règlement de ce litige, une question demeure : Musk, milliardaire imprévisible, change-t-il les règles du jeu dans la Silicon Valley ou n’est-il que le symptôme d’un capitalisme devenu hors de contrôle ? Que retenir de cette série noire : la victoire (relative) des dirigeants remerciés ou l’illustration d’un climat délétère qui s’installe parmi les géants du numérique ?
Alors que l’accord semble clore l’épisode des dirigeants remerciés, combien d’autres affaires du même type dorment dans les tiroirs des tribunaux américains ? Cette stratégie de confrontation permanente fonctionne-t-elle vraiment pour Musk, ou ne risque-t-elle pas à terme de ternir durablement l’image de son groupe et de freiner d’éventuels investisseurs ?
Et finalement, alors que la Silicon Valley se penche déjà sur ses prochaines révolutions, doit-elle également repenser en profondeur ses propres règles de gouvernance et le traitement de ses employés – y compris à ses plus hauts niveaux ?
Source : Techcrunch




