Le secteur du capital-risque traverse-t-il une ère de remise en question de ses propres excès ? Pourquoi CRV, l’une des plus anciennes firmes de la Silicon Valley, vient-elle de lever un nouveau fonds de 750 millions de dollars alors que son fonds précédent s’élevait à un milliard ? Ce mouvement vers la modération, est-il le signe d’un climat économique incertain ou le reflet d’une stratégie de survie pour les investisseurs avisés ?
Si l’on regarde de plus près, il apparaît que CRV n’a pas seulement réduit la taille de son fonds. Elle a aussi décidé de ne plus investir dans les tours de table tardifs – une décision prise après avoir restitué 275 millions de dollars de son Select Fund à ses investisseurs. Ce choix, plutôt rare dans l’écosystème du capital-risque, serait motivé par la surévaluation croissante des startups matures. Les sociétés de portefeuille ayant atteint un stade avancé représenteraient, selon CRV, un risque plus important pour la rentabilité globale. Mais jusqu’où cette prudence va-t-elle influencer les autres acteurs du secteur ?
CRV affirme que ses partenaires financiers ont répondu présents, levant la totalité du nouveau fonds en moins d’un mois alors que la demande excédait largement l’offre. Que cache cet engouement ? Les investisseurs parient-ils sur une nouvelle génération de startups capables de résister à la volatilité des marchés, ou s’agit-il d’une course effrénée pour sécuriser une part du prochain géant technologique, à l’image des financements initiaux de DoorDash, Mercury ou Vercel pilotés par CRV ?
La prudence de CRV face aux valorisations des startups tardives pourrait-elle annoncer une rupture durable avec les excès du passé ?
Ce qui est certain, c’est que ce nouveau fonds mettra l’accent sur les tours d’amorçage (seed) et les Séries A, avec un intérêt particulier pour les entreprises qui développent des outils destinés aux développeurs et les produits grand public. Depuis sa création en 1970, CRV a soutenu plus de 750 startups, dont 80 ont été introduites en bourse. Mais ces chiffres légendaires sont-ils encore un gage de succès dans une industrie bouleversée par la montée de l’IA et la transformation numérique accélérée ?
Dernièrement, CRV a investi dans des entreprises comme CodeRabbit, spécialisée dans la revue de code via intelligence artificielle, ou encore Outtake, tourné vers la cybersécurité basée sur l’IA. Est-ce le signe d’une nouvelle orientation à long terme vers l’intelligence artificielle ou simplement une opportunité conjoncturelle sur un marché en vogue ? Quel sera le ticket gagnant de demain pour CRV ?
Alors que de plus en plus d’acteurs misent sur des fonds plus modestes et recentrés sur l’innovation précoce, la question demeure : assistons-nous à la naissance d’un nouveau paradigme dans le capital-risque, plus discipliné et sélectif, ou ce repli est-il un simple passage à vide avant une nouvelle ruée vers l’or numérique ?
Face à ces tendances et retournements de stratégie, une interrogation s’impose : la prudence affichée par CRV sera-t-elle un exemple à suivre ou un signe que le venture capital doit désormais composer avec des lendemains moins flamboyants ?
Source : Techcrunch




