Le projet de loi débattu en Floride soulève-t-il une menace pour la vie privée numérique de ses citoyens, ou s’agit-il d’une mesure indispensable pour la sécurité des mineurs en ligne ? C’est la question qui secoue actuellement la sphère technologique et politique américaine. Alors que le « Social Media Use by Minors » (SB 868) a franchi un cap décisif au Sénat de Floride, jusqu’où ira l’État du Soleil ?
Pourquoi exiger l’installation de portes dérobées dans le chiffrement des réseaux sociaux, quand toute l’industrie technologique s’accorde à dire que fragiliser la sécurité mettra les utilisateurs en danger ? Les élus floridiens affirment vouloir protéger les enfants – et leur permettre aussi aux parents un accès étendu à leurs comptes. Mais à quel prix ? Une surveillance généralisée justifie-t-elle la suspension d’un droit fondamental à la confidentialité ?
Face à ce texte, la résistance s’organise. Les géants du web, de Google à Meta en passant par Apple, insistent : le chiffrement de bout en bout n’est pas négociable. En brisant le secret des messages, le projet de loi ne risquerait-il pas d’ouvrir la voie aux violations massives de données par des hackers ou acteurs malveillants ? L’Electronic Frontier Foundation dénonce même une mesure « dangereuse et stupide », estimant que retirer la protection du chiffrement, c’est exposer directement les mineurs au danger.
Remettre les clés du chiffrement à la police et aux parents offre-t-il vraiment plus de sécurité, ou n’est-ce qu’une illusion aux conséquences bien réelles sur la liberté numérique ?
Mais ce projet ne s’inscrit-il pas dans une escalade des contraintes envers les mineurs sur la toile en Floride ? Le précédent législatif, resté en suspens pour raisons constitutionnelles, aurait-il ouvert la voie à des mesures de contrôle toujours plus intrusives ? Et d’ailleurs, que penser du dispositif prévu : une simple assignation délivrée par la police suffirait à forcer la main aux plateformes, sans contrôle d’un juge. Est-ce la porte ouverte aux abus ?
Du côté des entreprises, la réplique est cinglante. Comment répondre à l’obligation de livrer des messages alors que, techniquement, elles n’y ont elles-mêmes pas accès, précisément grâce au chiffrement ? L’équilibre subtil entre protection des mineurs, respect de la vie privée et sécurité paraît plus fragile que jamais.
Le débat n’est pas clos : un projet similaire avance à la Chambre des représentants floridienne, nourrissant encore l’incertitude et la tension. Risque-t-on de voir le modèle floridien s’étendre à d’autres États américains, voire au-delà ? Et si ce n’était que le début d’une vague mondiale menaçant la confidentialité en ligne ?
Au fond, la société est-elle prête à sacrifier le chiffrement – bouclier de notre intimité numérique – sur l’autel de la surveillance, même si c’est (prétendument) pour le bien des enfants ?
Source : Techcrunch