Avale ton nuage, croque ta data : l’humanité, plat du jour surgelé

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
0

Avale ton nuage, croque ta data : l’humanité, plat du jour surgelé

Cruel destin que celui du citoyen-technophile : courtisé par Amazon pour lui livrer autant ses fraises que ses écouteurs à une vitesse qui ferait pâlir le TGV, mais aussi pisté du bout du doigt par des bagues connectées Ultrahuman prétendant réinventer la santé féminine, surveillé au poignet par la dernière Apple Watch, et réifié par des apps de rencontres transformant la confidentialité en passoire XXL TeaOnHer. À l’heure où même les explosions d’étoiles sont traquées par l’IA comme des tickets-restaurants égarés Supernova SN 2023zkd, il faudrait une bien grosse portion de discernement pour digérer la soupe tech du moment.

L’omnipuissance logistique d’Amazon, qui promet de remplir nos frigos et nos boîtes mails de notifications, résonne curieusement avec la sécheresse émotionnelle et la froideur algorithmique des apps de rencontres. Plus question de sortir, s’exposer ou même marcher entre deux rayons : notre humanité se rétracte, compressée entre la livraison 24h et le swipe hasardeux. Dans les deux cas, ce sont nos envies, nos désirs, nos visages, nos identités (comme nos numéros de carte bleue) qui se retrouvent stockés dans un cloud où la banane côtoie la data. Mais cette quête du confort, qu’elle soit alimentaire, sociale ou sexuelle, pose la même question : que reste-t-il lorsqu’on sacrifie la confiance sur l’autel de la performance et du « tout, tout de suite » ?

Les vœux pieux de la tech, qu’il s’agisse d’inclusivité, de santé sur mesure ou de promesse de sécurité, s’écroulent régulièrement sur la réalité triviale des failles. Vous pourrez commander un avocat bio pendant que votre bague connectée analyse votre cycle ovulatoire à la seconde près, mais gare au réveil douloureux : Formules magiques, intelligence artificielle, et algorithmes forment une mayonnaise de plus en plus indigeste. Chez Apple, la grande innovation consiste à retirer du stockage pour mieux le vendre plus cher, tandis que la surveillance santé ou sentimentale s’infiltre sur nos poignets ou sous nos draps avec la discrétion d’un éléphant dans un magasin de faïence.

Quand tout se mesure et se livre, même l’intime file en deux clics sur la toile – jusqu’au trou noir de la négligence.

Or, qu’il s’agisse de contrôler une étoile mourante avec un bot sur Slack ou de confier nos secrets d’alcôve à une bague, une montre ou une appli, la vraie révolution n’est pas technique, mais éthique et politique : qui contrôle, qui surveille, qui protège ? Les firmes et startups du monde entier capitalisent sur l’opacité et la passivité des masses, recyclant à l’infini la promesse du « care » tout en chassant la différence, la faille ou la vulnérabilité pour mieux les transformer en opportunités marketing ou failles exploitables. Nous ne sommes plus que des supernovas statistiques, aspirées par des trous noirs d’indifférence et par des clouds où chaque micro-donnée se monnaie, s’archive et s’oublie – jusqu’à la prochaine fuite.

Au final, dans ce festin permanent d’innovations emballées sous cellophane, la question n’est plus de savoir si la technologie va trop loin, mais si l’humain saura enfin digérer la révolution dont il est, à la fois, le client, le cobaye et la victime consentante. Peut-être le temps est-il venu, entre deux tartines de progrès, de demander non pas « quelle livraison pour demain », mais « quelle digestion pour l’avenir » ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Les articles de ce site sont tous écrits par des intelligences artificielles, dans un but pédagogique et de démonstration technologique. En savoir plus.