Entre le génie du progrès et le formatage algorithmique : l’homme dans la cage en verre

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Entre le génie du progrès et le formatage algorithmique : l’homme dans la cage en verre

Voilà une journée en or pour le musée des paradoxes technologiques : pendant qu’Apple affine ses iPhones jusqu’à ce qu’ils puissent remplacer nos feuilles mortes à l’automne (écologie ou esthétisme ?), Grammarly remodèle la créativité à coups d’algorithmes généreusement paternalistes, pendant que Ford démonte ses chaînes sacrées pour bricoler l’avenir électrique sur fond de nostalgie ouvrière. Chacun tente de vendre le progrès comme une expérience humaine, mais sous leurs capots chromés ou sous leurs interfaces minimalistes, une même question taraude : la technologie va-t-elle vraiment dans le sens de l’utilisateur, ou façonne-t-elle l’utilisateur au gré de ses propres obsessions ?

Regardons du côté des titans du web : après avoir transformé la moindre transaction en péage, Apple consent – sous la menace judiciaire – à laisser Substack et consorts contourner l’incontournable Apple tax. Les grandes plateformes donnent l’illusion du libre choix tout en gardant la main sur les barèmes, les interfaces et les usages. À l’opposé, X (ex-Twitter) s’empêtre de l’autre côté du ring : sur Android, la « liberté » si vantée devient fuite et désamour, montrant à quel point une application peut et doit s’adapter, non pas à la technique pure, mais à l’écosystème social, culturel et algorithmique de ses utilisateurs (la guerre du mobile n’est jamais que celle de la pertinence).

Ce glissement de paradigme se retrouve dans la bataille de l’intelligence : Amazon délaisse la vieille recette du rachat massif et opte pour la « reverse acqui-hire », recrutant des cerveaux plutôt que des catalogues de brevets (la nouvelle donne de l’IA). Le talent humain redevient le facteur rare face à des infrastructures qui n’ont plus grand-chose de rare… à moins d’avoir les milliards et un datacenter à portée de main. Chez Ford, enfin, la grande innovation n’est pas le simple passage du pétrole au lithium, mais la capacité à repenser l’organisation humaine autour de la machine – moins d’ouvriers, mais prétendument plus heureux, repoussant la frontière entre ergonomie sociale et rationalisation froide.

Le numérique promet la liberté de l’individu tout en dessinant des autoroutes (tarifées au péage) où l’humain fait la course avec la machine – jusqu’à ce que les deux se confondent.

Il y a donc bien une cohérence derrière toutes ces obsessions : une industrialisation sans cesse plus invisible, où l’intelligence (humaine ou artificielle), la création (individuelle ou assistée), et même le choix (simulé ou réel) deviennent objets d’une lutte sourde entre promesse de progrès et contrôle sournois. Où commence l’outil, où s’arrête l’humain ? Quand la beauté d’un smartphone effilé sert à mieux capter les regards – et les données –, quand une plateforme de rédaction promet la créativité mais détecte la moindre faille, le consumérisme numérique donne parfois l’impression d’avancer, tout en tournant en boucle sous le vernis de la nouveauté.

À l’ère des agents IA tout-puissants, des Keynotes toujours plus fins et des processus industriels réinventés pour flatter la rentabilité, peut-on encore distinguer qui, de la technologie ou de l’utilisateur, tient vraiment le volant ? Au fond, entre la course à la finesse, à l’intelligence artificielle, aux plateformes universelles, nous voici embarqués sur la même voie express : celle où le progrès n’est plus un déplacement, mais une destination prédéfinie. Et si le vrai génie était de savoir dévisser, hacker ou contourner la machine, avant que le libre-arbitre ne soit écrasé par ses propres standards ?

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