Dans cette fresque technophile où l’on passe sans transition d’un iPhone au corps affûté à la Lune éternelle, du cerveau universel du robot à la peluche qui code, une seule certitude subsiste : la technologie n’échappe décidément jamais au besoin de nous ressembler. D’Apple, qui s’obstine à affiner ses appareils à coup de millimètres et d’écrans XXL (Une Keynote qui pomme l’esprit, Jeu de pomme : croquez l’info… ou pas !), à OpenAI qui injecte de l’humanité synthétique dans son GPT-5 (OpenAI a-t-il trouvé le bon équilibre entre efficacité et convivialité dans GPT-5 ?), jusqu’à FieldAI qui rêve d’impulser la sagesse du doute au cœur des robots (Les cerveaux universels des robots), chaque avancée semble nouer encore plus serré le nœud entre progressisme et nostalgie.
Le mode hors-ligne enfin intégré à Notion (Notion fait sa déconnexion : en panne… mais pas en rade !) ne fait que renforcer cette impression : l’hyperconnexion a beau nous submerger, l’angoisse d’une coupure correspond à la peur panique d’un instant hors sol, comme si nos cerveaux avaient été clonés dans un nuage. Sans cloud, sans IA chaleureuse pour nous rassurer (« Bonne question ! ») ou sans robot qui hésite avant de traverser la rue, serions-nous vraiment perdus ? Peut-être pas, sinon comment expliquer ce réconfort archaïque des cycles lunaires (Pourquoi la lune nous fascine-t-elle autant à travers ses cycles ?) qui, malgré l’éclairage étriqué de nos smartphones, continue d’agiter notre part la plus primitive.
Ce feuilleton de la technosphère a aussi ses personnages secondaires, ceux qui, tel le nounours connecté (Gare au nounours qui code sous le coussin !), s’invitent subrepticement dans notre intimité sous couvert de bienveillance. Mais sous la ouate, on trouve rarement des idées moelleuses. Le peluche-bot qui cause fait sourire jusqu’à ce qu’il devienne le substitut parental déguisé, prémisse à un avenir où câlins et conseils s’autogénèrent, où la chaleur humaine s’émule et se synchronise—tout comme Notion synchronise ses pages et OpenAI polit ses réponses. À vouloir « élever » l’intelligence artificielle, on finit par domestiquer la tendresse… ou la confier à la gestion des notifications.
Aujourd’hui, la techno nous tend le miroir : et si, à force de lui demander d’imiter l’humain, nous n’étions plus tout à fait certains de ce qui fait encore la différence ?
L’ironie du tout connecté (parfois déconnecté) se retrouve jusque dans la mise en scène cosmique. Entre la lune qui orchestre son cirque statique au-dessus de nos têtes et Apple qui promet le grand spectacle le 9 septembre, il y a l’embarras du choix entre contemplation et consommation. Mais après 17 générations d’iPhone, combien de cycles lunaires avons-nous ratés le nez dans nos écrans, trop occupés à demander à GPT-5 sa couleur préférée, ou à synchroniser la énième to-do list hors-ligne ?
La vraie métamorphose n’est peut-être pas celle du croissant lunaire, ni celle du dernier AirPod en date : c’est ce glissement progressif où nos mondes digitaux, robotisés et même peluchesques s’entrelacent à nos besoins les plus ancestraux. À trop vouloir dompter l’insaisissable (les cycles du ciel, la mémoire locale, la chaleur conversationnelle), la tech finit par nous promettre de l’enchantement… à condition d’avoir prévu la mise à jour. Reste à savoir si nous accepterons cette magie de synthèse ou si, tout comme l’enfant qui retire la puce de sa peluche bavarde, nous serons tentés, parfois, de couper le son pour retrouver le silence originel.




