La démocratie thermostatique : quand la mise à jour dépasse la fiction

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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La démocratie thermostatique : quand la mise à jour dépasse la fiction

Bienvenue dans l’ère fascinante où le radiateur de votre salon obtient plus de fonctionnalités qu’un smartphone milieu de gamme – et où le lobbyiste tech a autant voix au chapitre que votre député. D’un côté, Quilt, la start-up qui vous permet de “flasher” votre pompe à chaleur comme un moddeur en manque de frissons nocturnes (Chaud devant). De l’autre, Andreessen Horowitz, le géant du capital-risque, qui flashe, lui, ses millions sur Washington histoire de garantir que vos prochaines updates logicielles – énergétiques, militaires ou climatiques – passent crème auprès des sénateurs (a16z à quoi joue le roi du lobbying).

Tout part d’un même élan : celui d’appliquer la logique du « software-defined » partout, y compris là où la mise à jour rime d’ordinaire avec grincements de tuyaux et thermostats capricieux. Si Quilt nous promet de doper nos splits par simple patch nocturne, qui peut encore s’étonner qu’a16z injecte ses millions pour façonner l’avenir énergétique, sécurisé, et « optimiste » du pays ? Finalement, dans les deux cas, il s’agit moins de changer de matériel que de réinventer la manière dont les systèmes – domestiques ou institutionnels – sont pilotés… à distance, évidemment. Big Tech is watching you, mais aussi votre consommation de BTU.

Car sous couvert d’écologie ou d’efficacité, la promesse est la même : faire avancer l’économie de l’abonnement jusque dans votre salon (et vos centres de commande militaires, tant qu’à faire). Au fond, qui a besoin d’acheter du neuf quand un firmware upgradé, sponsorisé discrètement par quelques PACs pilotés par les meilleurs cerveaux ex-gouvernementaux, permet de faire tourner la machine sans accroc ? Pendant que Quilt transforme le chaud et le froid en service cloud, a16z s’assure en coulisse que rien ne vient gripper la belle mécanique de l’innovation – et, pourquoi pas, du contrôle politique. Rien ne se perd, tout se monetize, surtout quand la frontière entre gadget domestique et infrastructure nationale se dissout dans un simple patch de code fractionné en tokens et débats parlementaires.

La technologie “mise à jour” n’est plus seulement un mantra MBAs : c’est un projet politique global, dont chaque thermostat hacké ou dollar injecté dans la défense dessine, ligne après ligne, les codes sources de notre avenir collectif.

Dans cette frénésie d’optimisations, que reste-t-il du citoyen ou de l’usager ? Qu’il soit frileux dans son loft ou simple électeur lassé des mêmes promesses de progrès, ce dernier se voit happé par des systèmes où les notifications et les lobbys, soudain, dialoguent à parts égales. Plus question de se demander qui pilote : tout, désormais, s’enclenche à distance – de la température de nos vies privées jusqu’au climat politique national. Et si nos objets domestiques deviennent plus intelligents que nos institutions, c’est bien parce qu’ils obéissent déjà à des codes qu’aucune chambre parlementaire ne révise réellement.

De la pompe à chaleur qui s’émancipe des tournevis au capital-risque qui redéfinit la doctrine sécuritaire, jamais les lignes entre domotique et géopolitique n’auront été aussi floues, ni aussi faciles à rebooter sur simple pression d’un bouton à San Francisco. Prochain arrêt ? Les notifications push de la politique, qui vous diront bientôt, avec la même candeur que Quilt, “version disponible – il va faire chaud au cœur”… et dans les salles de crise.

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