Le retour du « poke » sur Facebook : s’agit-il d’un simple vent de nostalgie ou d’une stratégie mûrement réfléchie pour séduire de nouveaux utilisateurs ? En 2024, Meta surprend en remettant dans la lumière une fonctionnalité quasi oubliée qui, apparemment, n’avait jamais vraiment disparu du réseau social. Pourquoi raviver ce bouton iconique ? Et surtout, que vise vraiment Facebook avec sa renaissance du poke ?
À l’aube des réseaux sociaux, le poke était un geste inoffensif, parfois maladroit, qui servait à attirer l’attention d’un ami virtuel. Or, après des années d’oubli, on assiste à une recrudescence de pokes, notamment chez les plus jeunes. Comment expliquer cette soudaine poussée d’intérêt pour une fonctionnalité que beaucoup considéraient obsolète ? Quels besoins précis ce retour vient-il combler dans les usages actuels des réseaux sociaux ?
Désormais, Facebook ne se contente plus de laisser traîner le poke dans les méandres de ses paramètres : un bouton dédié sur chaque profil permet de « poker » en un clic, avec des notifications instantanées pour celui qui le reçoit. Mais ce n’est pas tout : une page dédiée (facebook.com/pokes) permet de suivre en temps réel votre compteur de pokes partagés avec chaque contact, gamifiant ainsi le geste jusqu’à en créer presque une mini-compétition. Ces dispositifs rappellent-ils les fameux streaks de Snapchat ou TikTok qui, ces dernières années, ont captivé et parfois même inquiété parents, éducateurs et régulateurs par leur potentiel addictif ?
En remettant le poke au goût du jour, Meta joue la carte de la nostalgie… ou celle de l’addiction ?
La mécanique est claire : booster l’engagement, notamment chez un public jeune, friand de ces petites récompenses sociales. Les icônes s’accumulent, du feu au symbole « 100 », à mesure que les utilisateurs échangent des pokes, transformant ce geste anodin en un jeu social. Meta chercherait-il à imiter les recettes qui ont propulsé Snapchat et TikTok, au risque de raviver les critiques sur la nature addictive de ces fonctionnalités ? Quels garde-fous pour éviter les dérives ?
En mars 2024 déjà, de simples modifications dans le moteur de recherche Facebook – facilitant l’accès au poke – avaient suffi à provoquer une explosion de son utilisation (+1300 %). Ce constat soulève une autre question : les utilisateurs n’attendaient-ils qu’un petit coup de pouce pour ressusciter leurs vieilles habitudes ? Ou Meta orchestre-t-il habilement ce revival pour masquer ses difficultés à fidéliser les 18-25 ans ?
Mais la véritable énigme demeure : à quoi sert un poke en 2024 ? Si Facebook s’abstient volontairement de définir l’intention derrière le geste, qu’espèrent réellement les utilisateurs de ce petit clic : attirer l’attention, flirter, initier un contact, ou simplement s’amuser ? Cette ambiguïté demeure-t-elle un atout pour la plateforme ou un frein à une adoption massive ?
Malgré ses trois milliards d’utilisateurs, Facebook peine à retenir la nouvelle génération qui préfère les formats courts et les interfaces épurées d’autres applications. La réactivation du poke n’est-elle qu’un énième essai pour reconquérir cette cible, après l’échec de Campus et la refonte « Gen Z » dernièrement ? Ou bien Meta nous prépare-t-il à une transformation plus profonde de Facebook, inspirée des mécaniques addictives plébiscitées par la concurrence ?
En fin de compte, le retour du poke pose une dernière question majeure : n’est-on pas en train d’entrer dans une nouvelle ère de la « gamification » des réseaux sociaux, où chaque interaction anodine pourrait cacher un outil de fidélisation redoutable pour piéger notre attention ?
Source : Techcrunch




