L’alerte en playlist : trompe-l’œil ou avenir de la sécurité connectée ?

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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L’alerte en playlist : trompe-l’œil ou avenir de la sécurité connectée ?

La rencontre explosive de la FEMA et TuneIn a tout d’une bonne série dystopique : d’un côté, l’État qui panique devant la multiplication des catastrophes naturelles ; de l’autre, les géants du streaming prêts à tout pour injecter leur technologie jusque dans le plus modeste tableau de bord de notre SUV familial. L’urgence, si l’on en croit le storytelling, sera désormais musicale et connectée. Mais à force de connecter, alerter et « fluidifier », ne risque-t-on pas de perdre de vue l’essentiel : la solidité des institutions censées garder nos arrières pendant que l’intelligence artificielle nous fait clignoter des icônes fluo sur le GPS ?

Évoquer TuneIn dans la même phrase que la FEMA a quelque chose de surréaliste : l’un distribue du contenu pour faire patienter l’automobiliste coincé dans les embouteillages, l’autre tente de sauver une population de la montée des eaux ou des tornades, à coups de notifications prioritaires et d’audibles ruptures audio. Mais la magie de la tech, c’est d’enrober toute innovation d’une couche de promesse universelle et rassurante : même si la tempête fait rage et que la ligne hiérarchique interne de la FEMA s’effondre plus vite que les digues du Mississippi, votre bolide électrique saura où aller pour éviter l’Apocalypse. Magique ? Ou parfaitement anxiogène ?

Or, cette alliance n’arrive pas par hasard dans un contexte où la FEMA ressemble de plus en plus à une start-up qui aurait oublié le mode d’emploi de sa mission principale. L’agence affiche des effectifs en chute libre alors que les crises, elles, se multiplient ; un management « allégé » et « sans red tape », à mi-chemin entre la réforme radicale façon Silicon Valley et l’économie de moyens façon fonds d’investissement. Mais qui tiendra la barre lors du prochain naufrage ? TuneIn, fort de ses algorithmes, ou la FEMA, affaiblie par le turn-over et les plans sociaux ? Le doute n’est plus permis : c’est la première fois que la « résilience opérationnelle » dépend de playlists mieux organisées que le back-office de l’État.

Une technologie qui crie plus fort ne résout rien si l’institution derrière le micro a perdu sa voix.

Ce théâtre d’innovation révèle surtout que la frontière entre prouesse technique et illusion se fait chaque jour plus poreuse. À quoi bon mâchonner du « alerting » intelligent si la gestion humaine titube, délaissée au profit de partenariats rutilants mais creux sur le terrain ? Sommes-nous prêts à troquer la fiabilité fragile d’un appel d’urgence pour la promesse d’un flux audio garanti, signé par une agence publique qui confond vitesse d’exécution et précarité managériale ? Quand les redressements structurels servent plus à nourrir la narration qu’à renforcer le système, l’alerte devient un spectacle — et la sécurité, un numéro d’illusionniste.

La fascination pour la technologie comme réponse universelle masque encore et toujours les failles humaines qui la sous-tendent. Ceux qui croient que des notifications optimisées sauveront leur vie feraient bien de s’intéresser à la santé mentale et au moral des troupes derrière le rideau. Plus nous acceptons de déléguer nos vies aux automatismes, plus nous devons veiller aux sentinelles bien réelles qui transforment une promesse numérique en sécurité tangible. Sans quoi, demain, la tempête ne sera plus annoncée : elle sera juste bien synchronisée à votre dernière playlist préférée.

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