« L’ingénieur qui dirige, c’est un peu comme une clé USB : il sait rester discret, mais c’est lui qui a toutes les données ! » C’est ainsi qu’on pourrait introduire Laurent Mekies, qui a troqué sa boîte à outils pour la combinette du boss chez Oracle Red Bull Racing — même si, backstage au Web Summit, il se laisse encore porter par les épaules d’un fan XXL voulant un selfie. Oui, devenir le chef d’une armada de 2 000 personnes tout en gardant l’humilité d’un stagiaire… c’est du grand art, et, en F1, aussi rare qu’un dépassement sous la pluie à Monaco.
Fraîchement installé à la tête de l’écurie mythique, Mekies n’a pas eu le temps de se demander où était la notice d’utilisation. Un coup de fil surprise l’a catapulté en pole position pour remplacer Christian Horner, le boss emblématique. Là où ce dernier carburait à l’esbroufe médiatique, Mekies roule pour la méthode et la tech : moins d’esbroufe, plus d’efficacité, aussi bien dans l’aérodynamique du bolide… que dans la fluidité des logins informatiques !
La cerise sur le capot ? Un partenariat pas si farfelu avec 1Password, champion de la cybersécurité. En F1, perdre du temps à réinitialiser un mot de passe, c’est rater un chrono. Mekies le sait ; il veut des process huilés, sans friction : « On va désormais plus vite pour se connecter à nos outils… que sans la sécurité », dit-il, sans forcer l’accent.
Dans la Formule 1 moderne, le secret n’est plus dans le moteur, mais dans la manière dont on tape son mot de passe.
Et tout avantage, même numérique, compte. Mercedes a CrowdStrike, McLaren, Darktrace. Mais c’est toujours la somme des détails qui fait la différence. Mekies l’avoue : traquer les micro-gains, c’est le vrai carburant de la victoire. Réduire les parasites, augmenter le temps pour l’essentiel. En somme, pour cet ex-ingénieur, le fast and furious, c’est aussi dans la gestion des talents et la culture maison.
Mais ne croyez pas que le gaillard soit du genre à s’auto-congratuler. Laurent, c’est un CV qui sent l’essence : de l’école d’ingé parisienne aux stands de Minardi, puis Red Bull, le voilà champion de la sécurité à la FIA (le fameux “halo”, c’est en partie lui), puis bras droit chez Ferrari et patron chez les Racing Bulls… avant le grand saut chez les grands. Son style ? Humilité turbo : « À Monza, j’ai zéro contribution », lâche-t-il à la presse après un triomphe. Pas de fausse modestie, juste une vision : son job, c’est sublimer les autres, pas briller tout seul.
Mekies a d’ailleurs surpris tout le paddock en misant sur la voiture de 2025, au lieu de tout miser sur 2026 et son règlement façon puzzle. Pourquoi ? Parce qu’il faut comprendre ses échecs pour mieux rebondir, pas croire au miracle du changement d’année. Pari risqué, coup gagnant : son équipe arrive en confiance, prête à affronter la folle aventure 2026.
Car Red Bull prépare un exploit maison, style « on monte un V6 hybride dans un champ anglais » — le tout, avec Ford comme copilote, histoire d’affronter les cadors du moteur qui font ça depuis… bientôt un siècle. Pas question de promettre un titre d’emblée, mais la « Red Bull touch » ose viser haut : prendre des risques, et croire au high gain. Mekies garde le cap sur l’essentiel : « On ne regarde pas la feuille des points, on prend les courses une par une ». Parce qu’en F1, on ne gagne jamais sur Excel, mais toujours sur la piste. Et si Red Bull croise la ligne d’arrivée devant Mercedes, on saura qu’une (petite) clé, parfois, change tout…
Alors oui, l’histoire retiendra peut-être que la victoire, parfois, tient à un mot de passe bien choisi. Et ça, c’est du circuit… court.
Source : Techcrunch




