Adhésifs, IA, contrôle doux : la grande illusion technologique du sans-trace

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Adhésifs, IA, contrôle doux : la grande illusion technologique du sans-trace

Il fut un temps où le progrès technologique se reconnaissait à ses traces, parfois collantes – du Velcro arraché à la chaussure jusqu’aux empreintes digitales numériques laissées par la surveillance parentale sur les premiers smartphones des bambins. Désormais, on célèbre la discrétion : l’adhésif geCKo se veut sans trace, la parentalité numérique invisible mais omniprésente, et même la prise de participation de l’État cherche la légitimité feutrée d’une main invisible sur le tableau captable des startups. À cet âge du progrès mou, la technologie ne colle plus seulement aux surfaces, elle s’infiltre dans nos vies, nos images, nos familles, et nos équilibres économiques – parfois sans qu’on s’en rende compte, ou qu’on ose s’interroger sur la vraie nature de cette adhérence.

La nouvelle génération d’adhésifs industriels inspirés du biomimétisme s’impose comme le next big thing de la robotique industrielle et spatiale. Mais n’est-ce pas là une métaphore parfaite de l’axe technologique moderne ? L’adaptation silencieuse, le remplacement des systèmes traditionnels jugés trop bruyants, trop voyants, trop énergivores, laisse supposer une montée du « soft sticking ». Pendant que la NASA, Samsung, ou TSMC applaudissent la prouesse d’un matériau ne laissant ni tache ni faille pour la postérité, Young Minds, l’application de contrôle parental britannique, s’engouffre dans l’éducation douce : surveillance sans intrusion, IA à pas feutré, incitation à l’autonomie sans réelle confiance relâchée. Finalement, même en voulant protéger et libérer, on n’a rien trouvé de mieux que de rendre la technique… imperceptible.

Pourtant, cette illusion de neutralité technique recouvre des formes redoutablement subtiles de contrôle et d’uniformisation. Car là où VSCO promet aux photographes une IA « invisible mais puissante » pour sublimer l’image sans la trahir (promis, juré – sauvegarde de l’original !), le marché nous sert la même sauce. Qu’on parle de retouche photo, de routine numérique pour enfants ou de gouvernance actionnariale avec l’État comme passager clandestin (l’État au capital), chaque innovation est adoubée à coups de livres blancs, d’algorithmes-protecteurs et d’alliances anonymisées. La liberté devient paramétrée, la créativité conditionnée, la croissance pilotée : l’IA n’efface plus seulement les objets gênants sur une photo, elle pourrait bientôt réécrire carrément le scénario de la croissance, de l’éducation ou du management.

À trop vouloir coller à la perfection invisible, risquons-nous d’étouffer toute possibilité de chaos créatif, de résistance ou simplement… d’accident heureux ?

Peu importe qu’on parle d’une start-up prometteuse dans l’adhésif, d’une app d’éducation à l’autonomie ou d’une plateforme photo sanctuarisée par l’IA, le logiciel du progrès est désormais celui du compromis silencieux, de l’équilibre anxieux entre contrôle et liberté, d’automatisation et de personnalisation. L’ironie ? Même les licornes de la Valley finissent récupérées par la logique prudente des fonds d’investissement, qui font le panégyrique de la « démocratie interne » pour masquer le vieux dilemme : créer la rupture ou consolider l’ordre établi ? Sur cette ligne de crête glissante, la tech avance à pas de gecko, souhaitant laisser le moins de traces possible, mais en imposant partout le moule de sa logique adaptative.

Ce que promettent toutes ces innovations, ce n’est ni la rupture franche ni la révolution spectaculaire : c’est l’idée déconcertante qu’on peut tout optimiser, tout personnaliser, tout protéger, sans jamais perdre la main… ni prendre franchement parti. Reste à se demander qui, de la technologie inspirée par la nature ou de la nature humaine inspirant la technologie, collera le dernier mot.

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