À vos prompts, prêts… centralisez !

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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À vos prompts, prêts… centralisez !

Le mythe du guichet unique numérique a décidément la vie dure. Des plateformes comme ClickUp rêvent de centraliser toute notre existence professionnelle, de la moindre réunion Zoom à l’ultime post-it oublié sous le clavier. Pendant ce temps, des investisseurs visionnaires de la trempe de BTV jettent des millions sur la fintech et l’IA, convaincus que la transformation ne passera pas par un seul outil, mais par une myriade d’initiatives spécialisées. À croire que, pour paraphraser la Silicon Valley, si l’on ne peut prédire l’avenir du travail, on peut au moins tenter de tout acheter, automatiser, et surveiller d’un même tableau de bord.

Ce fantasme du tout-en-un n’a pourtant rien d’innocent : sous couvert de nous simplifier la vie, il façonne des environnements où « productivité » rime surtout avec contrôle et prescription algorithmique. Un manager peut désormais suivre ses équipes façon “big brother light” grâce à ClickUp, tandis que l’intelligence artificielle générative se loge jusque dans le moindre Snap, dopant la créativité ou asservissant l’imagination, selon le côté du miroir sur lequel on se trouve. Comme le prouve la dernière lubie de Snapchat, insuffler une touche de magie IA à ses images n’a rien d’anodin : c’est l’assurance que tout contenu, désormais, sera « prompté », remixé, marchandisé, et — il faut bien le dire — parfaitement calibré pour inonder stories, pitch decks, et memes monétisables.

Ce n’est plus l’humain qui s’adapte à l’outil, mais la plateforme, musclée par l’IA, qui modèle nos usages, nos désirs, nos perceptions de la créativité comme de l’efficacité. Même au volant, c’est la promesse du confort algorithmique : les robotaxis Waymo déploient leurs correctifs aussi vite qu’ils gobent les feux rouges sous l’œil médusé des parents d’Atlanta. On organise nos journées, on investit, on partage, on se déplace… en acceptant humblement que le vrai patron — du bureau à la rue — n’est ni le manager, ni l’investisseur, mais le modèle préentraîné qui convertit nos hésitations en KPI, nos distractions en data, nos incidents en patch logiciel.

Les promesses de l’IA universelle se heurtent à la réalité crue d’outils infaillibles… jusqu’à preuve du contraire.

Derrière la convergence technique se profile une divergence sociale majeure : à mesure que nos outils “intelligents” convergent, ils standardisent aussi nos façons de penser, d’apprendre, de décider et de rêver. L’innovation s’accélère, certes, mais à quel prix ? Celui de la diversité des solutions, de la prise de risque, de l’autonomie réelle ? La révolution de l’IA, dans la finance comme dans l’image ou le transport, se nourrit d’exclusivité : un abonnement, une startup, une plateforme… pour mieux nous emprisonner dans un imaginaire où automatiser se confond de plus en plus avec uniformiser.

En filigrane, plane la question qui dérange : en cherchant à tout centraliser, tout automatiser, tout “rendre intelligent”, sommes-nous si sûrs de ne pas aplanir la complexité même qui fait — parfois — la richesse de la vie numérique ? L’histoire des technos nous enseigne que chaque guichet unique finit par générer ses propres marges et fissures : que ce soit la faille de sécurité insoupçonnée, le biais algorithmique tenace, ou le bug qui, en pleine expansion mondiale, expose la fragilité d’un monde croyant s’être réinventé. À force de vouloir tout relier, ne risque-t-on pas, paradoxalement, de tout déconnecter ?

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