L’électricité, la mobilité, la grammaire et… les vœux pieux de l’IA : bienvenue dans le vaste grand-écart du progrès où chaque innovation prétend boucher le trou du mur énergétique, du portefeuille familial ou du syndrome de la page blanche — alors qu’en vérité, elle se contente souvent d’ajouter quelques zéros (à la facture ou au compteur LinkedIn). On croyait la grande révolution verte enclenchée à coup de panneaux solaires, de voitures électriques et de smart-agents au bureau, mais voilà que les data centers et pick-ups hybrides remettent du gaz, au propre comme au figuré, dans cette belle illusion. À la fin, la transition numérique ressemble surtout à une accumulation de compromis, où même nos points, nos tirets, nos pixels et nos euros s’entassent, sans vraiment s’annuler.
Tandis que l’IA dévore de plus en plus notre jus — et donc nos efforts pour contenir la croissance de la demande électrique — les industriels américains font marche arrière toute sur l’électromobilité pure : adieu, RAM 1500 électrique de rêve, bonjour l’hybride « ramboiserie » qui promet d’emmener vos chevaux, caravane et mauvaise conscience écologique toujours plus loin (à condition de trouver une station-service, ou une prise, selon l’humeur du moment). Résultat ? On s’offre une « transition » façon Rubik’s Cube, teintée de politiques énergétiques instables, de fausses promesses vertes et de gadgets sur roues, ni tout à fait fossiles, ni vraiment propres. C’est que le mirage d’un avenir 100% chargé de data, de kilowatts et d’électrons verts, c’est bon pour les slides PowerPoint et les salons auto, mais au moment de payer la note, c’est l’ensemble de la chaîne techno-industrielle qui se débrouille comme elle peut pour ne pas cramer l’addition.
Pendant ce temps, on multiplie les petites révolutions de façade : OpenAI, par exemple, consent enfin à rabattre la maniaquerie des em dashes de ChatGPT pour amadouer les snobs de la ponctuation. C’est doux, c’est efficace, c’est presque rassurant : faire semblant de dompter l’intelligence artificielle, alors qu’on n’a jamais véritablement compris comment l’apprivoiser dans l’entreprise, dans le texte, ou sur la route. Les grandes structures promeuvent leurs plateformes d’agents autonomes, telles qu’Agentforce 360 de Salesforce, la promesse du « raisonnement » automatisé, des workflows qui s’accrochent à Slack ou Gmail — bien gentiment, jusqu’à ce qu’on réalise que 95% de ces IA finissent à la casse du pilote non transformé, comme tant de pick-ups électriques en showroom.
On court après la disruption, mais on trébuche surtout sur les rallonges, les tirets et les fausses bonnes idées.
Et puisqu’il faut bien pouvoir rembourser une partie de tout ça sans sortir la calculette familiale, Venmo fusionne enfin ses flux avec PayPal, histoire de rendre la finance aussi fluide qu’un swipe d’écran. Mais ce rapprochement n’efface pas l’ironie d’un monde où il fallait en 2025 une innovation pour permettre à deux branches d’un même arbre de se parler — autant dire que la « disruption » a parfois besoin d’un bon vieux coup de pied… dans l’API. Que ce soit pour l’énergie, les véhicules, la syntaxe textuelle, l’automatisation du bureau ou le transfert entre cousins éloignés du numérique, la technologie ne fait que multiplier les couches, les réglages et les pseudo-simplicités sur une infrastructure toujours plus complexe et énergivore.
L’avenir s’annonce donc comme une série de patchs et d’accommodements, dans laquelle chaque acteur (humain ou robot) tente de masquer la fatigue du système derrière les promesses lisses et la personnalisation de surface. Nous voilà bientôt à demander à notre pick-up hybrido-connecté d’économiser du courant en changeant la police d’écriture de son tableau de bord, pendant que Salesforce célèbre deux bugs réparés comme une révolution. Peut-être qu’en 2028, le progrès consistera simplement à se souvenir qu’il faut allumer… mais surtout éteindre.




