Face à une explosion du marché des objets connectés dédiés à la santé, comment Oura entend-elle révolutionner le suivi du bien-être, alors que tant de concurrents lorgnent sur la même couronne technologique ? L’annonce récente d’une application entièrement repensée et d’une fonctionnalité baptisée « stress cumulatif » soulève autant d’enthousiasme que de questionnements. Mais que cache, en réalité, cette nouvelle orientation stratégique de la marque célèbre pour sa bague connectée ?
Sur quoi repose ce nouveau virage centré sur la personnalisation et l’anticipation des problèmes de santé ? L’application Oura, désormais structurée autour de trois grands onglets, promet un quotidien plus intuitif : « Aujourd’hui » pour les conseils pratiques du jour, « Signes Vitaux » pour une surveillance de la santé en temps réel, et « Ma Santé » pour suivre sur le long terme vos habitudes, forces et points à améliorer. Faut-il y voir un simple effet de mode ou la naissance d’un vrai coach numérique pour prévenir les problèmes de santé ?
L’un des shadows du marché reste l’intégration de la santé des femmes, régulièrement négligée. Cette refonte app met en avant un suivi du cycle menstruel sur 12 mois – une nouveauté qui interpelle : pourquoi les cycles avaient-ils été aussi peu considérés jusqu’alors ? Quelles données manquait-on ? Et, surtout, ce suivi extra-long pourrait-il permettre de détecter des troubles de santé bien avant qu’ils ne se manifestent?
Les algorithmes de santé connectée promettent-ils de nous rendre enfin maîtres de nos corps, ou ne sont-ils qu’un miroir technologique de nos propres excès et négligences ?
Oura franchit un pas supplémentaire avec la fonctionnalité « stress cumulatif », évaluant l’impact du stress chronique sur cinq paramètres corporels, dont la qualité du sommeil et la réponse cardiaque. Mais derrière ces mesures se cache une ambition : permettre à chaque utilisateur de visualiser, semaine après semaine, le réel tribut que le stress fait peser sur son organisme. Peut-on vraiment croire à une mesure fiable du stress et comment s’assurer que ces alertes ne deviennent pas anxiogènes ? Jusqu’où nos comportements sont-ils modélisables par l’IA basée sur les micro-mouvements de notre sommeil ?
L’autre annonce de taille, c’est évidemment le lancement d’une étude visant à détecter l’hypertension de façon passive. Oura vise-t-elle une reconnaissance médicale officielle avec la demande d’approbation auprès de la FDA ? L’étude en question, validée par l’Institutional Review Board, combine les signaux bio-métriques collectés par la bague à un mini-questionnaire de santé et de style de vie. Mais ces prédictions seront-elles suffisamment robustes pour convaincre le corps médical et éviter des effets de surdiagnostic ?
Pour ceux qui présenteront des signes forts d’hypertension, Oura recommande une consultation médicale – une façon de se placer comme intermédiaire entre le corps et la médecine. Cette nouvelle responsabilité éthique, Oura la mesure-t-elle à sa juste valeur ? Et comment l’utilisateur vivra-t-il ce rôle de « patient potentiel » perpétuel, régulièrement invité à faire des bilans de santé via ses notifications ?
Force est de constater que ces annonces interviennent dans un contexte de forte expansion pour Oura, qui vient de lever près d’un milliard de dollars et diversifie son offre avec une nouvelle gamme de bagues céramiques, d’un boîtier de recharge et de la prise de rendez-vous santé intégrée. Le secteur serait-il en passe de muter d’un marché du gadget à un nouveau pan du suivi médical ? Faut-il désormais voir les bagues connectées comme de véritables sentinelles de notre santé ?
L’avenir du suivi santé passif se joue-t-il vraiment sur le bout de nos doigts ?
Source : Techcrunch




