Comment une entreprise comme Redwood Materials est-elle en train de transformer radicalement le marché du stockage d’énergie et le recyclage des batteries, tout en s’imposant au cœur de l’essor des centres de données dopés à l’IA ?
Redwood Materials vient de lever 350 millions de dollars pour soutenir son ambitieuse offensive sur le secteur du stockage d’énergie. Qui se cache derrière ce tour de table ? On y trouve le fonds Eclipse, mais aussi NVentures, le bras capital-risque du géant Nvidia. Alors que la valeur de la société grimpe jusqu’à environ 6 milliards de dollars, Redwood attire les regards de toute une industrie en pleine transformation. Mais cette valorisation reflète-t-elle uniquement la croissance de son activité historique de recyclage ?
Derrière cet investissement, la stratégie de Redwood semble limpide : accélérer l’embauche de talents, renforcer ses capacités de raffinage et élargir la production de matériaux pour batteries. JB Straubel, fondateur et ex-CTO de Tesla, voulait dès 2017 boucler la boucle du cycle de vie des batteries, en misant sur le recyclage d’électronique et la récupération de cobalt, nickel ou lithium. Aujourd’hui, qui sont les clients qui nourrissent l’ascension de Redwood ? GM, Panasonic et Toyota, entre autres, participent à la dynamique circulaire imaginée par l’entreprise.
Le futur du stockage énergétique semble devoir s’écrire avec les batteries usagées, recyclées et réinventées, au service de l’économie numérique.
Mais la véritable bascule, c’est peut-être sa nouvelle activité dans le stockage d’énergie à partir des milliers de batteries de véhicules électriques (VE) collectées. Plutôt que d’être immédiatement recyclées, beaucoup de ces batteries ont encore une seconde vie à offrir. Redwood les connecte à des sources d’énergie renouvelable, créant ainsi des systèmes autonomes capables d’alimenter à la demande des centres de données spécialisés dans l’IA. Est-ce la solution durable à la gloutonnerie énergétique exponentielle de ces data centers ?
Le potentiel est considérable : Redwood manipule déjà plus de 70 % des batteries usagées ou jetées en Amérique du Nord. Selon leurs propres chiffres, plus de 1 gigawattheure de batteries dorment en stock, prêtes à être réutilisées. D’ici 2028, l’objectif est de déployer 20 gigawattheures de stockage à grande échelle. S’oriente-t-on vers la suprématie d’un modèle industriel où chaque batterie trouve sa seconde utilité avant d’être enfin recyclée ?
Reliées à l’éolien ou au solaire, ces batteries reconditionnées créent des réseaux d’énergie alternatifs, décentralisés ou hybrides, qui séduisent industriels et opérateurs du numérique. Redwood propose même des collaborations avec des turbines à gaz naturel, voire dans le futur, en connexion avec des générateurs nucléaires, pour massifier le stockage. Peut-on imaginer demain l’émergence de véritables centrales énergétiques bâties sur les ruines de l’ancienne mobilité électrique ?
Si Redwood parvient à tenir ses promesses, elle pourrait bien devenir le premier « super-recycleur » du continent, façonnant une nouvelle donne pour l’industrie énergétique et numérique. Mais cette révolution peut-elle s’imposer face aux défis logistiques, technologiques et environnementaux croissants ?
Le leadership de Redwood Materials marque-t-il le début d’une nouvelle ère pour le stockage décarboné et l’économie circulaire des batteries à l’échelle mondiale ?
Source : Techcrunch




