« Qui modère bien, modèrera longtemps… » aurait sûrement dit un philosophe geek s’il avait traîné sur Internet en 2024. Et chez Bluesky, réseau social qui se rêve plus frais et plus libre que Twitter ou Threads, on n’a vraiment pas envie que la coupe déborde de trolls.
Bluesky, l’outsider qui a le ciel dans son nom et la modération dans le viseur, vient d’annoncer — tambours et trompettes ! — de nouvelles balises pour cadrer la vie sociale sur sa plateforme. Fini le flou artistique : maintenant, place à des catégories de signalement plus détaillées (on passe de 6 à 9 options, il y a presque autant de choix que de sauces chez McDo !), un système de “strikes” peaufiné comme un bon espresso et des messages bien plus clairs pour ceux qui dépassent les bornes.
Pourquoi ce grand ménage de printemps ? Parce que Bluesky grandit vite (sans les boutons d’acné, heureusement) et surtout, parce que visiblement certains utilisateurs se sont pris pour des rock stars du clash derrière leur écran. Oui, ici aussi, l’anonymat fait pousser des ailes, et parfois le goût du “je te descends sans gêne” est plus tenace que la coriandre dans un pho.
Sur Internet, tout le monde a l’impression d’être Johnny Cash, mais mieux vaut éviter de tirer à boulets rouges…
À propos de Johnny Cash, vous avez raté l’info ? Une influenceuse a été temporairement suspendue après avoir cité un de ses célèbres lyrics façon “je veux tirer sur l’auteur pour le voir mourir”. Sauf que, sans second degré, les modérateurs de Bluesky ont pris ça au pied de la lettre — visiblement fans de la lecture premier degré plus que de country. Comme quoi, la modération, c’est un peu comme les parents en soirée : mieux vaut être trop prudents que pas assez.
Mais on ne fait pas que distribuer des avertissements à la volée : Bluesky a aussi musclé ses outils pour répondre aux lois qui poussent comme des pop-ups et protéger les plus jeunes, ou rapporter les contenus plus lourds, comme la traite d’êtres humains. Désormais, chaque infraction se voit noter, classer et archiver au chaud, afin d’éviter que la modération ne vire à l’arbitraire, et que chaque suspension ou bannissement soit justifiée — et à la rigueur négociable via appel (non, pas l’appel d’un ami, dommage !).
Pour autant, rien n’est simple au royaume des réseaux : si Bluesky veut fédérer au-delà de la seule bulle de ceux déçus de X/Twitter, il n’échappe pas aux polémiques sur la frontière ténue entre liberté d’expression et respect des autres. Certains regrettent d’ailleurs que la modération laisse sur la plateforme des individus controversés — mais là aussi, Bluesky marche sur un fil très, très fin.
Derrière tout ce chantier, on sent bien l’envie de ne pas (seulement) devenir le “Twitter des gentils progressistes”, mais plutôt de bâtir une agora où la diversité et les débats fleurissent… sans devenir des champs de mine toxiques. Un sacré challenge, surtout quand les États inventent chaque mois de nouvelles lois à respecter sous peine d’amendes XXL (Mississippi, si tu nous lis…).
Alors, modérer sans frustrer, ouvrir sans sombrer : Bluesky tente de conjuguer le verbe “vivre ensemble” à tous les temps. Espérons qu’ils éviteront l’orage et qu’on ne leur tombera pas dessus… comme un ciel sur la tête !
Source : Techcrunch




