Gadgets, Identités et Dépendance : le grand cirque de la société connectée

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Gadgets, Identités et Dépendance : le grand cirque de la société connectée

Le paradoxe de notre époque ? Les sociétés les plus ultraconnectées tremblent sur des fondations numériques aussi fragiles qu’un mot de passe « azerty123 ». Prenez la Corée du Sud : championne de la 5G, temple du gadget, et pourtant, victime d’un festival de cyberattaques qui ferait passer un salon du hacking pour une kermesse paroissiale. Le pays du wifi le plus rapide du monde rame à synchroniser ses ministères pour le moindre court-circuit numérique. Ailleurs, l’enjeu n’est déjà plus la sécurité des connexions, mais la propriété de l’identité : sur X (ex-Twitter), les mots de passe n’ont plus la cote, ce sont les « handles » qui partent aux enchères. Dans la jungle digitale, le pseudonyme est le nouveau château, et seuls les aristocrates Premium+ en ont les clés.

Si la voix de l’IA s’apprête à devenir aussi banale qu’une baguette chez le boulanger, il faut se demander ce qu’il advient de la singularité humaine dans ce bruit de fond algorithmique. À coup d’assistants, de modèles audio, de filtres et d’avatars générés à la chaîne, nos identités se découpent, se customisent, se marchandent — bref, deviennent consommables. Est-ce un progrès de pouvoir, demain, obtenir une voix, une gueule ou même une signature numérique sur abonnement ? Certes, la techno est en fête, mais la vie privée finit en souvenir sur Snapchat.

Il en va de même pour nos ados sous surveillance permanente : Discord dresse de nouveaux murs numériques, où chaque conversation devient matière à alerte parentale. Le tout à grand renfort de promesses rassurantes et de « contrôle parental » dernier cri. Mais à trop vouloir prémunir contre le « mauvais contact » ou le contenu sensible, c’est le bon vieux lien de confiance qui s’effrite. De la Corée à X, en passant par nos cuisines et chambres d’ado, la technologie avance masquée : sous prétexte de fluidifier la vie, elle la moule, la cloisonne, géolocalise tout.

La société numérique du confort permanent façonne une démocratie à deux vitesses : rapide pour les plus nantis, sous surveillance pour les plus jeunes, discount pour les rêveurs désargentés.

Notre nouveau bien-être ? Il s’appelle Momo et lévite entre l’animal de compagnie pixelisé et le coach de vie. Derrière la peluche mignonne, la réalité brute : gamification de la productivité, addiction algorithmique à la dopamine, bienveillance reprogrammée par intelligence artificielle. Même les vétérans de la Valley s’agacent : chaque wearable qui « écoute tout » nous éloigne des humains pour nous rapprocher du panoptique fashion. Comme le dit si bien Kevin Rose, quand la technologie s’offre le luxe de devenir absurde, c’est l’humain qu’elle finit par ringardiser.

Gardons-nous, donc, de penser que cette comédie de l’identité numérisée, du bien-être piloté par IA, de la sécurité supradigitale, est une fatalité. Le rythme effréné de la tech masque un déficit croissant de confiance collective – dans nos institutions, dans nos proches, parfois même dans nous-mêmes. Que reste-t-il, à la fin, de la liberté individuelle quand pseudo, voix, habitudes et émotions se monnayent ou s’encadrent ? Se pourrait-il qu’au bal masqué du numérique, le plus vrai défi ne soit pas de sécuriser nos réseaux, mais de retisser un lien d’authenticité entre les avatars et ceux qui les portent ?

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