Netflix peut-il vraiment atteindre une valorisation de 1 000 milliards de dollars dans les prochaines années ? À l’heure où la concurrence fait rage sur le marché du streaming, faut-il croire à la vision ambitieuse exposée par Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, lors du dernier Sommet sur l’économie mondiale organisé par Semafor ? Ou s’agit-il d’une stratégie de communication pour galvaniser investisseurs et actionnaires ?
À première vue, les chiffres donnent le vertige. Sarandos, lors de son intervention (visionnable ici sur YouTube), rappelle que Netflix a, en cinq ans, doublé son chiffre d’affaires et multiplié par dix ses profits. Mais le géant du streaming est-il capable de poursuivre sur cette lancée, ou sommes-nous face à un pic difficile à dépasser ? Comment Netflix compte-t-il s’y prendre pour tripler sa capitalisation boursière actuelle et viser, comme l’a rapporté le Wall Street Journal, le fameux cap du trillion de dollars d’ici 2030 ?
La stratégie du leader du streaming paraît claire : continuer de miser sur sa plateforme, sans pour autant s’interdire d’explorer de nouveaux territoires. Mais ces paris hors du streaming principal – comme l’arrivée à Broadway de la pièce “Stranger Things: The First Shadow” en mars, ou encore le lancement de boutiques physiques à Philadelphie et Dallas – sont-ils vraiment susceptibles de générer une croissance suffisante ? Netflix peut-il transformer son univers en réel empire du divertissement, ou s’agit-il de diversifications à la marge qui peineront à peser dans la balance financière ?
Netflix avance sur un fil : entre croissance explosive et nécessité de se diversifier, le pari du streaming géant reste risqué.
La question de l’exécution revient sans cesse dans le discours de Sarandos : « Tout dépend du fait que nous exécutons bien », affirme-t-il. Faut-il voir dans ces propos une prise de conscience des défis qui attendent Netflix ? Car le contexte s’est radicalement transformé depuis la période de croissance folle du streaming. Les marchés américains et européens sont aujourd’hui saturés, la concurrence avec Disney+, Amazon Prime ou encore Apple TV+ se fait plus féroce que jamais et la chasse aux nouveaux abonnés s’intensifie à l’international.
La plateforme pourra-t-elle réellement doubler ses revenus en six ans alors que la pression sur les marges devient structurelle et que les consommateurs n’hésitent plus à jongler entre abonnements, voire à résilier selon l’offre du moment ? Les magasins physiques et les incursions dans le théâtre sont-ils des réponses viables à l’essoufflement du modèle basé uniquement sur les abonnements numériques ?
Quid de l’innovation : Netflix saura-t-il inventer de nouveaux formats ou expériences pour fidéliser et élargir sa base d’utilisateurs ? L’entreprise parviendra-t-elle à transformer son immense bibliothèque de contenus en une source de revenus diversifiés, tout en continuant à dominer dans le streaming ?
En somme, Netflix semble à la croisée des chemins : entre rêve d’une valorisation record et nécessité de réinventer sa croissance, la route vers les mille milliards s’annonce semée d’embûches. Reste à savoir : la plateforme saura-t-elle transformer l’essai et décrocher ce seuil symbolique, ou bien verra-t-elle ses ambitions freinées par une réalité économique de plus en plus complexe ?
Source : Techcrunch