Comment une entreprise peut-elle bouleverser le marché des véhicules électriques avec une approche radicalement différente? C’est la question que pose l’apparition de Slate Auto, la nouvelle start-up soutenue par Jeff Bezos, qui vient de dévoiler un premier modèle électrique aussi intriguant que minimaliste. Le « Slate Pickup », à mi-chemin entre la voiturette urbaine et le pick-up personnalisé à l’extrême, défie-t-il les codes du secteur automobile? Et surtout, qui osera prendre le volant de ce camion « low cost » où l’essentiel prime sur le superflu?
À partir de 27 500 dollars (ou #20,000 grâce au crédit d’impôt fédéral américain), Slate promet ici l’un des véhicules électriques les plus abordables du marché. Mais attention: ce prix plancher cache-t-il une nouvelle façon de penser la mobilité ou bien des compromis trop radicaux pour séduire un large public? Pas d’écran tactile, pas de système audio, même pas de choix de couleur — sauf si vous aimez le gris! Surprenante austérité à une époque où chaque constructeur rivalise de technologies embarquées pour séduire l’acheteur.
Mais comment se distingue vraiment le Slate Pickup? S’agit-il d’un simple retour aux sources, ou bien d’une forme extrême de do-it-yourself (DIY) automobile? Livré dans une version « Blank Slate », il offre deux sièges, une benne assez grande pour du bois de construction, des fenêtres à manivelle et une autonomie modeste de 150 miles. Est-ce suffisant pour un usage quotidien urbain ou risque-t-on de se retrouver à court d’énergie et de confort?
Slate Auto cherche-t-elle à inventer la voiture électrique la plus personnalisable plutôt que la plus flashy?
Le véritable pari de Slate réside dans la personnalisation: plus de 100 accessoires sont disponibles, des kits SUV à installer soi-même, en passant par les kits d’écran, les autocollants colorés ou encore les options techniques comme un kit vitres électriques. Peut-on imaginer une communauté d’automobilistes transformant leurs véhicules au gré de leurs envies, un peu comme des amateurs de PC montés sur mesure? Même la batterie peut s’agrandir pour atteindre 240 miles d’autonomie, mais là encore, à quel prix réel et pour quel confort d’utilisation?
Lorsque la plupart des constructeurs misent sur l’abondance de gadgets — conduite autonome, sièges chauffants, écrans géants — Slate prise la simplicité. Est-ce une solution d’avenir pour désencombrer l’automobile moderne, ou une proposition trop niche pour s’imposer durablement? Certes, la sécurité n’est pas oubliée puisque le véhicule annonce déjà une conformité aux normes fédérales avec freinage d’urgence automatique et caméra de recul standard, mais que penser des absents notoires dans la fiche technique?
Autre point crucial: le modèle s’appuie sur un schéma de vente directe dans le style de Tesla, permettant selon la marque de maintenir un prix sous la barre des 20 000 dollars, crédits compris. Un prix, cependant, qui dépend fortement d’incitations fiscales susceptibles de disparaître selon le contexte politique! Est-ce donc le bon moment pour les acheteurs de miser sur cette proposition radicale alors que de nombreux véhicules concurrents, certes plus chers, promettent davantage de confort et d’autonomie?
Finalement, le lancement du Slate Pickup soulève une question centrale: le marché américain — et pourquoi pas européen à l’avenir — est-il prêt à remettre en cause sa vision de la voiture, en privilégiant le minimum vital à la profusion d’options? Ou bien est-ce là le pari un peu fou d’une start-up qui rêve de transformer la voiture en un objet aussi personnalisable qu’un meuble IKEA, mais motorisé?
Source : Engadget