Comment une “bataille” antique entre deux groupes massifs de galaxies nous éclaire-t-elle sur l’évolution de l’Univers ? Quelle histoire mystérieuse racontent ces étranges arcs lumineux récemment détectés à près d’un milliard d’années-lumière de la Terre ?
Tout commence avec la découverte fascinante faite par une équipe internationale d’astronomes : deux “reliques radio”, des structures énergétiques issues du choc titanesque entre deux groupes de galaxies, repérées de part et d’autre du gigantesque amas PSZ2 G181.06+48.47. Pourquoi un tel événement, pourtant rarissime à cette échelle, attire-t-il autant l’attention de la communauté scientifique ?
Utilisant les observations raffinées de deux colossales antennes, le Giant Metrewave Radio Telescope en Inde et le Very Large Array au Nouveau-Mexique, les chercheurs ont détecté ces arcs lumineux, distants de 11 millions d’années-lumière, un record absolu. Que nous disent ces colosses cosmiques, bien plus vastes que notre Voie lactée, sur la dynamique violente qui anime la croissance de l’Univers ? S’agit-il des vestiges d’une collision d’amas de galaxies, une sorte de “choc des Titans” astronomique ?
Ces découvertes révèlent la violence cachée dans la formation des grandes structures cosmiques — mais combien d’autres effacées par le temps attendent d’être découvertes ?
À quoi ressemblait ce chaos ? Selon Kamlesh Rajpurohit, de l’Harvard & Smithsonian Center for Astrophysics, ces reliques seraient dues à d’immenses ondes de choc se propageant dans des gaz à des millions de degrés, entraînant les particules et les forçant à briller sous forme d’ondes radio. Mais pourquoi la forme, l’intensité et la polarisation de ces arcs diffèrent-elles autant entre le nord et le sud du super-amas ? Certains chercheurs avancent l’hypothèse d’ondes de choc d’intensité inégale, reflétant des conditions radicalement différentes lors de la collision cataclysmique originelle.
L’étude de ces reliques pourrait-elle révolutionner notre compréhension de la matière noire, ce composant invisible encore insaisissable au cœur des amas galactiques ? Et si la brume centrale repérée entre les deux arcs, un soi-disant “halo radio”, en disait plus sur le chaos généré lors de tels chocs cosmiques ? Avec moins de trente exemples similaires connus à ce jour, sommes-nous seulement au début d’un inventaire d’une rareté extrême dans le cosmos ?
De nouveaux instruments comme le Square Kilometre Array, en construction en Afrique du Sud et en Australie, promettent d’ouvrir la voie à la découverte de dizaines, voire de centaines d’autres paires de reliques radio. L’astronomie de demain balaiera-t-elle enfin les dernières zones d’ombre de ces batailles anciennes, enfouies dans les confins de notre Univers observable ?
Jusqu’où irons-nous dans la cartographie de ces cicatrices radio, témoins lumineux de l’histoire tumultueuse des grandes structures de l’Univers ?
Source : Mashable