Pourquoi un géant industriel allemand miserait-il aussi massivement sur l’écosystème nord-américain alors qu’incertitudes économiques et tensions commerciales assombrissent l’horizon ? C’est la question qui se pose alors que Bosch Ventures, le bras financier de Bosch, annonce un sixième fonds d’un montant impressionnant de 270 millions de dollars.… Mais cette nouvelle stratégie est-elle vraiment si contradictoire qu’elle en a l’air ?
Depuis sa création en 2007, Bosch Ventures n’a cessé de soutenir l’innovation technologique de rupture. Pourtant, aujourd’hui, ce fonds historiquement mondialisé oriente résolument son carnet de chèques vers les startups américaines. Pourquoi ce revirement ? Le patron de Bosch Ventures, Ingo Ramesohl, avance une explication plutôt optimiste au micro de TechCrunch : le dynamisme de la deep-tech nord-américaine surpasserait actuellement toutes les attentes. Mais peut-on vraiment ignorer les risques d’un marché volatile et d’une possible récession ?
Alors que les tensions commerciales avec la Chine pèsent sur les échanges et que la Bourse joue aux montagnes russes, Bosch Ventures persiste et signe : l’heure est à l’investissement, pas à la prudence. Est-ce la recette de l’audace ou celle de l’inconscience ? Ramesohl assure voir “beaucoup d’énergie positive” et affirme que l’innovation et la disruption n’ont jamais été aussi vigoureuses. Les faits donneront-ils raison à une telle vision, ou ce pari s’avérera-t-il risqué à long terme ?
Bosch renforce ses investissements en Amérique du Nord, misant sur l’optimisme du secteur malgré l’incertitude économique mondiale.
Le mode opératoire reste inchangé côté montant – entre 5 et 10 millions de dollars par ticket – et la sélection s’effectue parmi les secteurs qui ont fait la renommée de Bosch Ventures : l’automobile, la tech climatique, la cybersécurité, les semi-conducteurs, l’efficacité énergétique ou encore les logiciels d’entreprise. Mais, plus que jamais, l’intelligence artificielle s’invite au cœur des axes stratégiques. Pourquoi ce nouvel engouement pour le “GenAI” appliqué au monde physique, tels que l’industrie ou la fabrication ?
Ramesohl clarifie cependant qu’il ne s’agit pas ici d’un “tout IA” : la nuance est importante. Mais il reconnait que Bosch a clairement pris le virage de l’intelligence artificielle depuis la création de son Bosch Center for Artificial Intelligence en 2017. Fin 2023, le groupe annonçait même que tous ses produits sont désormais conçus ou fabriqués grâce à l’IA ! Quelle part du succès du conglomérat allemand doit-on alors attribuer à cette intégration massive de l’IA ?
Pour Bosch, les applications les plus prometteuses de cette nouvelle vague d’intelligence artificielle génèrent des révolutions dans les opérations mêmes de l’industrie. Mais quelles seront les conséquences – positives et négatives – d’une telle transformation ? Et l’Amérique du Nord, terre promise de l’innovation selon Bosch, saura-t-elle offrir de nouveaux succès à l’industriel centenaire ? Dans un secteur aussi mouvant, l’audace suffira-t-elle ?
Alors, Bosch Ventures est-il en train de redéfinir la stratégie d’investissement industrielle du XXIe siècle ou de se jeter dans la gueule du loup face à une conjoncture difficile ? Les startups nord-américaines combleront-elles les attentes de ce mastodonte ? Une certitude demeure : le rôle de l’IA dans l’industrie est plus que jamais à surveiller de près.
En misant sur l’Amérique du Nord pour son sixième fonds, Bosch Ventures prend-il un risque calculé… ou parie-t-il sur l’inconnu ?
Source : Techcrunch
