Pourquoi Tesla a-t-elle finalement abandonné l’un des attributs les plus attendus de son Cybertruck, à savoir le prolongateur d’autonomie ? Cette décision soudaine interroge autant les passionnés de voitures électriques que les clients, surtout ceux qui avaient déjà versé 2 000 $ de réservation pour un accessoire à 16 000 $. Que s’est-il réellement passé en coulisses pour amener le constructeur à faire volte-face, et surtout, pourquoi ce silence de la part de Tesla ?
D’après les échanges sur les réseaux sociaux et forums spécialisés, de nombreux clients ont découvert dans leur boîte mail une notification leur annonçant le remboursement de leur dépôt. Nulle part dans le message l’entreprise ne précise la raison de ce renoncement au prolongateur d’autonomie. Tesla s’est contentée de supprimer l’option sur son configurateur web il y a déjà un mois, semant le trouble parmi les acheteurs potentiels. Faut-il y voir un signe d’improvisation de la part du géant de l’auto électrique – ou des contraintes techniques insurmontables ?
Rappelons que ce prolongateur d’autonomie devait prendre la forme d’un pack batterie installé sur la benne du Cybertruck, une sorte de réponse à l’écart croissant entre les promesses originelles et la réalité produit. Initialement, le Cybertruck était censé atteindre jusqu’à 800 kilomètres d’autonomie pour ses versions haut de gamme ; dans les faits, la meilleure configuration plafonne à 563 kilomètres par pleine charge. Tesla, face à des critiques sur la faible autonomie, avait d’abord baissé ses promesses sur le prolongateur (de 756 à 716 km d’autonomie totale), puis reporté son lancement à mi-2025… Avant de tout annuler.
L’annulation du prolongateur d’autonomie pour le Cybertruck met en lumière la fragilité d’un projet maintes fois remanié, et pose la question de la réelle viabilité du modèle.
Ce retournement de situation intervient dans un contexte difficile pour le Cybertruck lui-même. Elon Musk évoquait un objectif de 250 000 à 500 000 ventes annuelles, pourtant, à ce jour, à peine 50 000 exemplaires ont trouvé preneur sur 15 mois, et la réputation du véhicule a été entachée par des rappels multiples, dont un récent concernant des éléments de carrosserie défectueux. Peut-on vraiment imaginer que Tesla ait jugé non rentable de produire un accessoire aussi spécifique pour un modèle dont la diffusion s’annonce bien plus faible que prévu ?
Ou bien l’explication dépasserait-elle la simple logique commerciale ? S’agit-il d’un problème d’ingénierie non résolu, d’un choix stratégique en interne, ou d’une volonté de redéfinir les axes de développement de la marque ? En attendant, pour ceux qui misaient sur le prolongateur pour pallier les faiblesses d’autonomie du Cybertruck, la déception prime – et le ressenti d’avoir acheté une promesse, plus qu’une réalité tangible.
Cela pose également la question du futur du Cybertruck sur un marché des pick-up électriques de plus en plus concurrentiel. Sans prolongateur, ce modèle peut-il vraiment tenir tête à la concurrence, voire survivre à ses propres ambitions initiales ? Les clients continueront-ils à suivre la marque aveuglément, ou cette accumulation de revirements entamera-t-elle la confiance envers Tesla ?
Alors que Tesla promet des remboursements, une interrogation demeure : cette annulation sera-t-elle l’exception ou le signe d’une série d’abandons à venir chez le pionnier du véhicule électrique ?
Source : Engadget