Le monde du jeu vidéo assiste-t-il à un bouleversement historique des frontières entre consoles concurrentes ? La récente annonce de l’arrivée de « Gears of War: Reloaded » sur PlayStation 5 pousse à s’interroger sur l’évolution de la stratégie de Microsoft et sur les conséquences pour l’industrie. Quelles sont les motivations profondes derrière ce choix de partager l’un des piliers de l’écosystème Xbox avec la communauté PlayStation, jusqu’ici rivale ?
Jusqu’à maintenant, « Gears of War » incarnait, aux côtés de « Halo » ou « Forza », une exclusivité reine de l’univers Xbox. Comment expliquer que Microsoft prenne soudain le risque de brouiller les cartes ? Serait-ce une offensive directe face à la domination persistante de Sony, ou au contraire une façon de capitaliser sur le succès d’un titre mythique auprès d’une audience élargie ? À 40 dollars, le remaster du classique de 2006 arrivera le 26 août prochain sur PS5, PC (Xbox app et Steam) et Xbox Series X/S, mais étonnamment pas sur la future Nintendo Switch 2, du moins pour le moment.
Les détails de l’offre soulèvent d’autres questions. Pourquoi offrir aux détenteurs de la version digitale de « Gears of War: Ultimate Edition » une mise à niveau gratuite ? Est-ce un geste de fidélisation ou une tentative d’adoucir une décision potentiellement clivante ? Les abonnés au Game Pass pourront quant à eux accéder immédiatement au jeu, qui propose tous les DLC et ajouts sans surcoût, y compris des modes multijoueur entièrement repensés et la possibilité de progresser sur toutes les plateformes via un compte Microsoft. N’est-ce pas là le signe d’un nouvel âge d’or de l’interopérabilité vidéoludique ?
L’arrivée de « Gears of War: Reloaded » sur PlayStation marque-t-elle la fin des exclusivités de l’ère Xbox ?
Mais qu’en est-il techniquement ? Le remaster promet des graphismes 4K HDR, du Dolby Vision, une fluidité à 60 ips en campagne et jusqu’à 120 ips en multi, sans oublier la disparition totale des écrans de chargement. Un partenariat entre le studio The Coalition, Sumo Interactive et Disbelief s’annonce ambitieux. Mais ces promesses seront-elles tenues ? Peut-on vraiment espérer revivre l’expérience originale sous un nouveau jour, aussi bien sur PlayStation que sur Xbox ?
Derrière cette stratégie se profile aussi l’avenir de la licence elle-même. The Coalition travaille déjà sur un autre projet « Gears of War: E-Day », en collaboration avec People Can Fly. Les fans se trouvent-ils à l’aube d’une renaissance de la saga, désormais dégagée des guerres de consoles, ou assistons-nous à une ultime tentative de survie d’une franchise qui peine à se réinventer ?
Enfin, quel impact ces décisions auront-elles sur la fidélité des joueurs, historiquement attachés à des marques précises ? L’ouverture des frontières vidéoludiques, vantée il y a peu comme une utopie, semble aujourd’hui se matérialiser. En élargissant l’accès à l’un de ses joyaux, Microsoft ne risque-t-il pas de diluer son identité Xbox, ou cette stratégie s’avérera-t-elle payante à long terme ?
L’avenir des exclusivités et l’équilibre entre concurrence et collaboration n’a jamais été aussi flou. Se pourrait-il que l’essentiel de la bataille se joue désormais non plus sur l’exclusivité d’un titre, mais sur la qualité de l’expérience et la puissance des services proposés ?
Source : Engadget